Les brevets en tant que savoir nouveau et inventif alimentent les processus d’innovation : l’organisation et le soutien des capacités inventives des entreprises joueraient donc un rôle majeur. Comment les brevets pourraient-ils alors nous apprendre ce qu'est l’activité inventive et plus largement une gestion des capacités inventives ? Il existe une littérature abondante sur le phénomène de l’invention technique (histoire, psychologie, sociologie, philosophie) mais pourtant le lien entre ce phénomène et l’émergence d’un droit spécifique de l’invention, nommément le droit du brevet, est peu abordé. Dans cette thèse, nous considérons que l’apparition des institutions brevets marque l’émergence d’une norme de gestion associée à l’activité inventive. En étudiant cette norme de gestion et les acteurs de l’écosystème associé (examinateurs de brevets, conseils en propriété industrielle), la thèse se propose donc de questionner le rapport entre brevet et activité inventive. Par une étude des critères de brevetabilité, des pratiques d’examen et de la structure de la classification brevets, la thèse montre l’existence de quatre régimes d’invention technique, stabilisant pour certaines périodes une certaine structure de l’état de l’art (classification) permettant de distinguer les apports techniques des inventeurs. Ce travail révèle également le rôle d’une classe d’acteurs particuliers, les Conseils en Propriété Industrielle, en caractérisant une capacité propre au raisonnement inventif : la capacité de discernement. La thèse explore alors comment outiller cette capacité et les impacts d’une telle capacité pour la gestion des capacités inventives.