L’âge est l’un des paramètres du profil biologique que l’on puisse estimer de manière suffisamment fiable et précise pour caractériser un individu immature à partir de ses restes osseux. Les nombreuses méthodes utilisées respectent de manière inégale des critères méthodologiques scientifiquement et biologiquement valides. Elles demeurent donc relativement critiquables. Ce travail présente une analyse critique d’un corpus de 256 méthodes d’estimation de l’âge des immatures utilisées en anthropologie biologique. Cette première analyse a permis de qualifier et quantifier les biais et les limites de construction et d’application des méthodes et propose une classification objective des méthodes utilisable en pratique, mettant en évidence celles qui respectent des critères statistiques et méthodologiques valides. Les conclusions tirées de cette analyse critique ont servi à élaborer le protocole méthodologique d’une nouvelle méthode standardisée d’estimation de l’âge osseux d’individus immatures. Les surfaces osseuses de l’os iliaque, de la cinquième vertèbre lombaire et de la clavicule ont été virtuellement reconstruites à partir de coupes tomodensitométriques grâce au logiciel AVIZO®. Des variables de croissance biométriques et des variables maturationelles non-biométriques ont été obtenues sur ces trois os. Un ensemble d’équations de régression non-paramétriques de type Multi Adaptive Regression Splines (MARS) modélisant la relation des variables biométriques avec l’âge a été calculé à partir d’échantillons d’apprentissage grâce au logiciel statistique R®. Les meilleures prédictions de l’âge ont été obtenues avec les variables biométriques iliaques, la longueur maximale de la clavicule et les hauteurs latérales de la cinquième vertèbre lombaire. Trois échantillons de validation provenant de Marseille, Toulouse et de la collection ostéologique de référence d’immatures de Lisbonne ont montré qu’il n’existait pas de différence significative entre les âges réels et estimés par les modèles de régression. Ces modèles donnaient des résultats meilleurs ou comparables à d’autres méthodes « classiques » d’estimation de l’âge. Des probabilités d’âge en fonction des indicateurs non-biométriques de maturation ont été calculées. Les résultats étaient suffisamment fiables, mais la précision était trop faible pour être valide. Notre nouvelle méthode d’estimation de l’âge des immatures respecte les standards méthodologiques identifiés lors de l’analyse critique et se présente sous la forme d’un abaque et d’équations de régressions relativement simples d’application. Elle est statistiquement valide et utilisable en contexte médico-légal et archéoanthropologique.