L'enseignement du droit en Europe est encore marqué par une approche nationale, en dépit d'un contexte d'internationalisation et d'européanisation du droit. Cette approche tranche avec certaines expériences étrangères qui promeuvent un enseignement transsystémique. Selon cette méthode, il ne s'agit plus de s'intéresser exclusivement aux réponses que donnent le droit positif, mais de se défaire de la tradition juridique nationale pour présenter les grandes questions auxquelles les règles de droit positifs répondent. Cette méthode d'enseignement, initiée à la faculté de droit de l'université canadienne McGill, tend à trouver un écho favorable en Europe. Il est vrai que jusqu'à présent, la faculté de droit de Maastricht proposait le projet le plus ambitieux en permettant à ses étudiants de se former aux principes communs des différents droits européens. Mais les récentes initiatives de la faculté de droit du Luxembourg font un pas supplémentaire vers une approche transsystémique de l'enseignement du droit, et à ce titre, sont exemplaires d'une possible dénationalisation de la formation juridique en Europe. Cette contribution vise à présenter l'expérience néerlandaise et le projet luxembourgeois, à mettre en lumière les points d'achoppement, à cerner les acteurs et les vecteurs de cette transformation (composition du personnel enseignant, importance des études européennes, l'étude du droit déjà très marquée par l'approche comparatiste).