Le suicide en peinture entre détail, motif et genre
Résumé
Mon intervention sera consacrée à la représentation du thème du suicide en peinture, notamment le suicide d’un personnage féminin. L’idée est de rendre sensibles les difficultés interprétatives que l’on rencontre dans l’approche de tableaux consacrés à un thème controversé comme le suicide. En ce sens, un dispositif numérique devrait nous aider à augmenter l’œuvre afin de comprendre que cette interprétation doit passer par la constitution d’un corpus (une œuvre doit être située à l’intérieur d’un arrière-plan historique de pratiques de production et de réception) et la reconnaissance d’un intertexte (une œuvre est toujours la réponse à d’autres œuvres). En ce sens, l’intervention veut faire émerger (i) l’importance de la variable du genre dans l’interprétation de la représentation du suicide et (ii) le dialogue intertextuel inspiré par l’inscription dans l’image de motifs qui ont déjà une tradition figurative.
D’abord, nous utiliseront la littérature pour exemplifier une série de concepts, dont celui de motif, qui peuvent entrer dans un cadre cohérent apte à guider la lecture du tableau. Ensuite, nous utiliserons un exemple particulièrement résistant à l’analyse, à savoir le tableau « Scène de suicide » du Palais de Beaux-Arts de Lille, afin de montrer les tensions entre sujet et motifs, et entre motifs et détails. Cette illustration s’appuiera sur la constitution de plusieurs corpus (voir le travail sur la plateforme Miro) à même de nous assurer des éléments critiques nécessaires pour apprécier l’inscription (ou l’émancipation) du tableau examiné par rapport à des traditions iconographiques. Cela nous conduira à réactualiser l’interprétabilité du tableau à l’intérieur d’une généalogie telle que la représentation de la figure de Lucrèce ; en même temps, cette réinscription à l’intérieur d’une tradition iconographique peut faire émerger une nouvelle interprétation intime de cette héroïne des mœurs publics, une relecture soutenue aussi par la production littéraire de la fin du XVIe et du début du XVIIe.
Notre approche assume le parti pris d’une exploration indiciaire dans laquelle les connaissances aident à faire comprendre les questions que les images nous adressent, d’autant plus que le motif du « nocturne dans un espace domestique » signale la proximité de valeurs sacrées (religion) ou intangibles (éthique) qui nous interpellent quotidiennement.