Rationalités correctives et intelligence artificielle assistée. Formes dialogales H/M en tant que tests sur les doubles contraintes des humanités numériques
Résumé
A travers une étude exploratoire basée sur un corpus de formes dialogales qui émergent dans l’utilisation de ChatGPT, notre intervention vise à articuler deux perspectives : la première concerne la recherche des racines et des types d’intelligence qui seraient impliqués dans l’IA ; la seconde relève de la qualité et du taux d’artificialité que l’on peut attribuer à l’IA. Cette articulation vise à combiner le scepticisme vis-à-vis d’une intelligence de la machine qui estime être mimétique des rationalités humaines et le constat de l’impossibilité d’une intelligence artificielle de se débarrasser totalement de certains piliers de la mise en cohérence des connaissances, piliers qui sont typiquement liés à la sémiotisation anthropique du monde telle quelle la gestion de mondes possibles.
L’idée principale est de faire émerger un double bind, ou en tout cas une double mission contradictoire de l’IA : (i) se substituer à l’intelligence humaine à travers un programme mimétique et donc selon un affinement progressif des formes de reproduction de « gestes » rationnels ; (ii) se détacher des limites des rationalités anthropiques afin de développer une cognition artificielle émancipée de l’écologie sémiotique des acteurs sociaux. Toutefois, cette perspective mérite aussi d’être renversée afin de ne pas assigner à l’usager une perspective passive et oraculaire (interroger l’IA). En ce sens, nous souhaitons thématiser les pratiques d’intelligence artificielle assistée dans lesquelles (i) nous interprétons de manière critique les raisons pour lesquelles certaines réponses sont formulées par l’IA et pas d’autres (rétroduction) ; (ii) nous nous demandons comment les résultats obtenus par l’IA peuvent être intégrés dans des objectifs qui sont encore en cours de définition (abduction).