Le processus de différenciation est singulièrement ravivé à l’adolescence au service de la conquête de l’altérité, du déploiement des capacités créatives et du devenir sujet. La gémellité à l’adolescence dédouble la difficulté de l’individuation à l’égard des figures œdipiennes par un conflit aigu lié aux enjeux de séparation entre les jumeaux. Cet article porte sur une exploration du fonctionnement psychique de deux sœurs jumelles homozygotes en fin d’adolescence. L’analyse repose sur un entretien semi-structuré et des épreuves projectives dont l’analyse clinique traduit la lutte constante entre l’indifférenciation et la différenciation. Les récurrences archaïques et dépressives repérées permettent de supposer l’existence d’un « complexe d’unicité », propre à la gémellité homozygote, particulièrement mis sous tension à l’épreuve du processus de subjectivation.