Ce diagnostic réalisé dans le cadre de la rénovation urbaine des espaces publics du centre ancien d'Arpajon conduite dans le cadre du plan national Action cøeur de ville, fait suite aux sondages conduits par l'Inrap lors d'une reconnaissance préliminaire réalisée en 2017 (Phase 1- Bailleux 2017). Une première intervention archéologique a été réalisée en parallèle des travaux de renouvellement et de création de réseaux. Cette phase concernait la rive gauche de l'Orge entre la Porte de Paris et la Place de l'hôtel de ville (Phase 2 -2018/2019). Ce troisième rapport présente l'ensemble des résultats des interventions archéologiques réalisées en 2021 puis en 2022 dans la partie méridionale du cøeur historique d'Arpajon qui occupe la rive droite de l'Orge (phase 3). Les travaux publics ont été réalisés au niveaux des voiries depuis la place de l'hôtel de ville jusqu'aux boulevards périmétriques en incluant la place du Marché. L'intervention archéologique reste bien plus circonscrite. En 2021 elle est limitée aux travaux réalisés au niveau de la Grande rue jusqu'au niveau de la rue Pasteur (Phase 3A). Les observations archéologiques ont repris en 2022 dans ce même secteur mais plus à l'est. Cette phase 3B concerne les voiries de la rue Guinchard, de la partie occidentale de la place du Marché aux abords de la halle et la rue Raspail. Les surveillances de la phase 3, qui représentent 4 mois de présence sur le terrain, ont donné lieu à une cinquantaine de sondages ou de points d'observation. Ces reconnaissances permettent d'avancer dans les connaissances du réseau viaire sur cette rive et sur l'articulation des différentes voiries. L'identification du cardo maximus, à l'est de la rue Raspail, vers la place du Marché, compte parmi les découvertes majeures de cette dernière intervention. Cette voie empierrée et rechargée sur 0,5 m d'épaisseur est assez conséquente. Elle mesure un peu plus de 7 m de large. Elle est pourvue de deux accotements qui comprennent les fossés bordiers et les trottoirs attenants. L'orientation du cardo qui est proposée tient compte des orientations du bâti reconnu précédemment sur la place du Marché. Des ajustements pourront peut-être être apportés à l'avenir mais en l'état les projections de tracé sont dans l'axe de l'ancien pont sur l'Orge. Ces nouvelles données confortent l'hypothèse selon laquelle ce pont serait construit durant l'Antiquité. Parallèlement les différentes surveillances et les sondages réalisés sur la rive sud à l'emplacement de la Grande rue montrent l'existence d'une autre voie. Différents indices recueillis dans les sondages permettent de situer ponctuellement le bord ouest de cette voirie dont l'aménagement est précoce. Cet axe, situé à l'ouest du cardo, est considéré traditionnellement comme la voie Paris Orléans. Ce tronçon rectiligne se prolongerait vers le sud au niveau des rues des docteurs Pasteur, Verdié et Charcot. Il reste toutefois difficile d'asseoir précisément la bande de circulation et de définir sa largeur tandis que son orientation para\ⁱt divergente du réseau urbain orthonormé qui se dessine peu à peu. L'accompagnement des travaux aura également permis d'identifier et d'explorer ponctuellement le decumanus, découvert précédemment dans le fond des parcelles du 94-96 Grande rue (Peixoto 2021). Enfin on observe en face de l'hôtel-Dieu, là où la Grande rue bifurque vers l'ouest, un réseau d'ornières gallo-romaines qui indique la présence d'une voie de raccordement oblique qui relie la voie Paris-Orléans et/ou le decumanus et le cardo. Si ce raccourci entre les deux axes routiers semble bien établi, on peut s'interroger et suspecter l'existence d'une prolongation de la voie Paris Orléans plus au nord. Celle-ci franchirait le cours de l'Orge par le biais d'un passage à gué et elle viendrait se raccorder sur l'autre rive sur le cardo. Les nouvelles données archéologiques, même si elles restent très fragmentaires, suggèrent ainsi une grande pérennité entre la situation du réseau routier antique et l'emplacement de la Grande rue actuelle. Le déplacement de la rue Guinchard à l'est du cardo pourrait intervenir en raison de la construction de l'église dite de la Madeleine à l'emplacement de l'ancienne chaussée et de son accotement. Bon nombre d'ouvertures ont permis de documenter quelques aspects de l'habitat gallo-romain. Ces données très disparates et le plus souvent fragmentaires, prennent peu à peu tout leur sens lorsqu'elles sont remises en perspectives les unes avec les autres dans une lecture plus générale. Ainsi les tronçons de murs ou les occupations observés trouvent leur place dans le canevas urbain qui se dessine depuis les années 2000 et qui prend une nouvelle dimension avec la reconnaissance du cardo. Comme on le présumait, un pôle urbain se dessine à l'ouest de la place du Marché au début du Moyen Age avec quelques indices mérovingiens. L'identification de quelques inhumations en 2001 vers les halles permettait d'envisager l'existence d'un cimetière voisin de l'église dite de la Madeleine, édifice largement méconnu mais dont l'existence est soupçonnée dans le haut de la rue Guinchard. La détection de nouvelles inhumations dans le cadre des travaux conforte l'existence d'une aire funéraire. Toutefois, leur localisation à l'emplacement de la rue Raspail contrarie les hypothèses que nous avions émises en 2014 en subodorant que cette rue pouvait constituer la limite sud du cimetière. De même, les datations des inhumations rencontrées sont bien plus tardives que ce qui était envisagé jusqu'alors. Ainsi, la genèse de l'église dite de la Madeleine proposée par l'abbé Lebeuf ne semble pas totalement convaincante au vu des nouvelles découvertes.