Pour les Européens l'Afrique s'est longtemps révélée en creux, dans une forme d'absence. Dans ce contexte les cartes ont contribué à façonner les perceptions européennes, souvent de manière biaisée et stéréotypée pour servir les intérêts coloniaux. Dans des mondes africains où le rapport à l'espace et aux territoires était essentiellement mental et transmis oralement (à de rares exceptions près), les sociétés ont eu une capacité de résistance amoindrie face à l'arsenal cartographique européen. Pour remédier aux distorsions introduites par la cartographie européenne et valoriser les connaissances géographiques autochtones, il est donc judicieux de sortir la cartographie de l'Afrique de l'arrière-plan colonial. Cela peut se faire en ayant recours aux cartographies autochtones dans le cadre d'un retour aux sources qui ne nierait pas les modes de représentation euclidiens, mais viendrait les compléter en redonnant vie à des savoirs ancestraux dont les sociétés africaines ont été dépossédées.