La place de l’entrepreneuriat au sein de l’université est une question récurrente ces dernières années (Schmitt, 2005 et 2008 ; Schmitt et al. 2014 ; Baeza, 2018). Il est clair, en effet, que le développement de l’entrepreneuriat au sein de l’université en France est devenu un enjeu important tant pour l’université que pour la société (Champy-Remousenard, 2018 ; GEM, 2018). Cela se traduit de différentes façons auxquelles nous aurons l’occasion de revenir dans la première partie de ce chapitre. Toutefois, nous pouvons déjà avancer que s’interroger sur la place de l’entrepreneuriat au sein de l’université va au-delà d’une interrogation, pour toucher la place même de l’université en tant qu’acteur du développement économique territorial (Schmitt, 2020). C’est en 1998 que Clark à travers ses travaux sur l’université entrepreneuriale a mis cette question au centre de la réflexion. Ses travaux insistent tout particulièrement sur la nécessité de changement des universités et, notamment, sur la capacité de travailler en relation avec des tiers extérieurs. Toutefois, force est de constater à travers différents rapports que les universités françaises ont encore du chemin à parcourir dans cette direction-là (IGAENR, 2019 ; BPI, 2021). A travers ce chapitre, nous souhaitons mettre l’accent sur la notion de fabrique de l’entrepreneuriat (Schmitt, 2017). Cette notion est intéressante pour permettre de rapprocher entrepreneuriat et université. En effet, elle permet de mieux caractériser l’entrepreneuriat en ne se limitant pas à l’idée de création d’entreprise (Berglund, 2007 ; Sarasvathy et al., 2011), c’est-à-dire à l’état de cristallisation de l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat peut être considéré comme un processus, ce que l’on désigne par l’état gazeux, au cours duquel le porteur de projet, le projet et les acteurs de l’écosystème sont en interaction. Dans cette perspective de fabrique de l’entrepreneuriat, l’université est amenée à jouer un rôle, notamment en favorisant la présence et l’organisation de l’interaction de ces trois éléments constitutifs de l’entrepreneuriat. Jouer ce rôle engendre un certain nombre de conséquences qu’il conviendra d’envisager, en l’occurrence en matière de formation et de recherche. En somme, il s’agit de s’interroger sur les possibilités et les modalités favorisant le développement de l’expérience entrepreneuriale (Starck, 2018) par les acteurs de l’université.