Bien que les travaux sur le conditionnel français (désormais cond) en synchronie et en diachronie se soient multipliés depuis les années 1990, les phénomènes collocationnels attachés à son usage n’ont fait l’objet que d’études ponctuelles (principalement concernant dire, devoir et vouloir au cond). Le but de la présente contribution est de mieux comprendre la dimension phraséologique du fonctionnement du cond en considérant le phénomène dans sa globalité suivant une démarche « guidée par les corpus ». Notre hypothèse est que ces collocations constituent de potentielles (micro-)constructions au sens des grammaires de constructions, c’est-à-dire des unités de langue enregistrées dans la connaissance des locuteurs. Par ailleurs, nous adoptons une perspective diachronique en nous interrogeant sur l’évolution des collocations V + cond depuis l’ancienne langue jusqu’en français contemporain. Notre étude montre ainsi que le fonctionnement du cond s’est en partie « figé » depuis l’ancien français et qu’un certain nombre de collocations privilégiées sont susceptibles de constituer en français moderne des micro-constructions (ex. ne savoircond radical et épistémique, falloircond déontique, aimer mieux préférentiel, vouloircond atténuatif etc.).