Le cimetière d’Atlit est le plus grand cimetière conservé de l’Orient Latin. Il se situe à proximité du Château Pèlerin, édifice bâti entre 1217 et 1218. Depuis 2015, une fouille archéologique permet d’apporter des données inédites sur les pratiques funéraires dans ce contexte multiculturel. Un des secteurs fouillés (secteur 1) a livré des données distinctes ; plusieurs sépultures contiennent des vases en céramique datés des XII-XIIIe s. fragmentés mais aussi entiers. L’analyse des dynamiques d’effondrement des vestiges permet de restituer la position de certains vases dans la tombe et de discuter leur présentation durant les funérailles. Etant donné la typologie des vases utilisés, la question d’éléments liés au repas funéraire se pose. Des prélèvements de sédiment ont donc été réalisés dans les vases les mieux conservés afin de déterminer leur contenu et de confirmer leur fonction. Des premières analyses ont ainsi été réalisées afin de rechercher des phytolithes. Ces dernières n’ont toutefois pas permis de préciser la nature des dépôts. Par contre, ces prélèvements ont révélé la présence inattendue de fibres textiles. Une analyse plus spécifique a permis d’identifier des fibres textiles de nature différente, dont certaines colorées. Elles peuvent être rapprochées de découvertes issues d’autres sites médiévaux en contexte désertique du Proche Orient. La reprise des données de terrain a permis de discuter la provenance de ces fibres qui ne seraient peut-être pas à l’origine contenues à l’intérieur des céramiques. Ces données permettent de réfléchir à l’invisibilité des vestiges déposés dans ces tombes. Dans ce même secteur, de rares individus présentent des éléments métalliques témoignant de vêtements (boutons, boucle, épingle) portés par le défunt lors des funérailles. La découverte des fibres ouvre une autre possibilité de discuter l’utilisation des textiles dans ce contexte funéraire. L’étude sur le sédiment contenu dans plusieurs vases permet des avancées notables et imprévues sur la compréhension des pratiques funéraires dans ce contexte. Si les observations montrent qu’une analyse des phytolithes et des pollens n’est pas pertinente à Atlit, la conservation des fibres textiles implique de réfléchir à de nouveaux modes de prélèvements dans les tombes, en systématisant un ou des prélèvements de sédiment sur le squelette et dans le comblement de la tombe. Cette méthodologie permettra d’affiner la connaissance des modes d’inhumation dans le cimetière médiéval d’Atlit. La question du contenu des vases ne doit toutefois pas être abandonnée et nous ouvriront prochainement de nouvelles pistes de recherche avec des analyses chimiques.