Certains espaces ruraux, du fait de leur éloignement des principaux centres urbains et d’un statut majoritairement agricole, demeurent peu touchés par les opérations d’archéologie préventive comme programmées. La faiblesse et l’hétérogénéité de la documentation disponible ne permettent alors pas de bénéficier d’un corpus de sites archéologiques statistiquement exploitable dans la perspective d’une analyse en réseaux des dynamiques du peuplement humain dans la longue durée (l’Holocène). Dans ce contexte, l’ouverture récente des données de l’IGN à très haute résolution spatiale et temporelle (BD ORTHO® HR et IRC, BD ORTHO® Historique, RGE ALTI® 1m, LiDAR HD) offre la possibilité, en complément de méthodes d’investigation plus traditionnelles (aéroportée par drone, géophysique, pédestre), de proposer une relecture non-invasive et systématique de territoires ruraux restés en marge des développements récents de la recherche archéologique, et dont les paysages sont « communs » en Europe occidentale. La communication orale présentera un premier retour d’expérience sur les méthodes et les outils employés à des échelles spatiales complémentaires (régionale à locale) dans l’optique d’une analyse paysagère et régressive : (1) génération d’images multibandes combinant plusieurs techniques de visualisation (Hillshade, Local Dominance, Openness, Simple Local Relief Model, Sky-view Factor, Slope) du modèle numérique de terrain (MNT) dérivé des levés LIDAR HD ; (2) protocoles de détection et de vectorisation automatisés d’anomalies micro-topographiques via une approche deep learning ; (3) cartographie systématique des anomalies phytologiques par photo-interprétation et télédétection d’imageries aériennes et satellitaires ; (4) et enfin, évaluation du potentiel archéologique de secteurs clés via des prospections plus ponctuelles (aéroportées par drone et géophysiques à l’aide de différents capteurs et instruments de mesure). Le déploiement d’une approche méthodologique fondée sur l’analyse croisée d’une grande diversité de sources de données a permis de dépasser les carences documentaires d’un espace rural à différentes échelles spatiales. Les premiers résultats obtenus ont fait émerger un ensemble de marqueurs archéologiques dans des contextes géomorphologiques variés – exploitations agricoles, sites d’habitat, ensembles funéraires et cultuels, noyaux fortifiés, éperons barrés, systèmes parcellaires fossiles, chemins –, mais dont l’acuité chronologique et la complexité d’emboitement scalaire restent à préciser. Bien que les limites de certaines méthodes d’investigation non-invasives soient soulignées, elles permettent d’ouvrir sur des perspectives nouvelles d’intégration des recherches archéologiques et géomorphologiques, que ce soit en matière de recherche scientifique ou de valorisation patrimoniale.