Cette communication vise à partager des réflexions et compréhensions sur le ménagement de lieux et ressources pour le vécu du deuil dans des milieux urbains habituellement caractérisés par la fluidité, la vitesse, l’activité, la performance… Comment se frayer dans ce contexte un chemin pour vivre pleinement le deuil, dans ses dimensions traumatiques et transformationnelles ? Quels lieux pour faire écho à la plainte et la douleur ? La santé mentale repose sur la possibilité de vivre les différentes pertes et deuils qui composent les trajectoires de vie et réclame donc des espaces qui leur soient hospitaliers. Comment se forment des espaces de décélération et de recueillement au sein de ces contextes urbains ? Comment les ambiances de certains lieux deviennent des supports à la consolation face à l’épreuve ? Nous étayerons quelques réponses par le biais de plusieurs travaux de recherche théorique, empirique et expérimentale que j’ai mené au laboratoire AAU-Cresson, au sein duquel se développe depuis 40 ans une approche de la complexité des situations urbaines par les ambiances, révélant les intrications matérielle, sensible et praxéologique des (a)ménagements urbains. À travers des exemples d’espaces funéraires étudiés en Europe ou sur le continent africain, mais aussi par le biais de récits d’expériences de deuil récoltés depuis une dizaine d’années, nous mettrons certains débats actuels sur l’évolution des pratiques funéraires et le vécu du deuil en perspective, et esquisserons des éléments de lecture du deuil contemporain.