L’urgence écologique de l’Anthropocène invite à réexaminer les fondements du droit international. Alors que l’objectif déclaré de protéger l’environnement semble échapper au cadre juridique actuel, dominé par un paradigme néolibéral anthropocentrique, cet article examine la faisabilité d’une évolution du droit international vers un paradigme écocentrique. Au coeur de la réflexion se trouve la récente inclination vers des approches respectueuses de l’environnement, notamment celles inspirées des cosmologies autochtones qui personnifient la nature. Se pose alors la question de savoir si, à partir des interactions normatives entre différentes conceptions de la nature, est en train d’émerger un véritable changement de paradigme ou si nous assistons plutôt à une simple repondération des valeurs dans une perspective utilitariste résiliente. L’analyse des discours écocentriques doit amener à une position réservée sur l’évolution écocentrique du droit international. L’obstacle majeur réside dans les fondations mêmes du droit, intrinsèquement liées à une méthodologie anthropocentrique. Cette prédominance pose des limites significatives à l’apparition d’un authentique écocentrisme. Une évolution potentielle n’est cependant pas entièrement à exclure : si les discours écocentriques ne permettent pas d’accomplir un changement de paradigme, ils permettent à tout le moins de l’orienter vers un anthropocentrisme écologique et raisonné.