Les canaux d’impact de la microfinance sur la résilience alimentaire des ménages ruraux
Résumé
L’objet de cette contribution est de mettre en évidence l’effet de la microfinance sur la résilience alimentaire et en particulier sur les piliers qui fondent la résilience alimentaire des ménages. Il ressort de cette revue que l’impact de la microfinance sur la résilience alimentaire peut être appréhendé de façon directe, notamment par la littérature qui traite du lien direct entre les deux, et de façon indirecte à travers les travaux qui traitent de l’effet de la microfinance sur les piliers qui sous-tendent la résilience. La résilience étant une variable latente qui n’est pas directement observable, l’impact de la microfinance est plus évident sur les facteurs qui conduisent à la résilience alimentaire des ménages. En effet, étant donné la faiblesse des travaux sur le lien direct entre microfinance et résilience, son impact est plus perceptible au niveau des piliers de la résilience alimentaire où les travaux sont foisonnants. Néanmoins, théoriquement, il est possible de mettre en évidence la mécanique à travers laquelle la microfinance est en mesure d’agir directement sur la résilience alimentaire. Par exemple, la microfinance à travers ses produits et services financiers (crédit, épargne, etc.) peut contribuer à l’accroissement de la consommation et de la diversité alimentaires et ainsi améliorer directement la résilience alimentaire des ménages. De la même façon, lorsque les crédits obtenus de la microfinance sont mobilisés directement dans la production agricole des ménages, cela contribue au développement agricole qui est de plus en plus considéré comme une stratégie prioritaire pour la sécurité alimentaire. C’est également le cas lorsque l’épargne constituée par les ménages est mobilisée pour l’achat de nourriture en période de choc alimentaire. La microfinance exerce par ailleurs un effet positif sur la résilience alimentaire en agissant sur les piliers de la résilience. Elle améliore l’accès aux services de base et contribue par ce biais au renforcement de la résilience des ménages agricoles. Elle accroît la résilience des ménages par son impact sur leurs actifs (Ouattara et al., 2018 ; Abera et Asfaw, 2019 ; Awoke et al., 2022 ; etc.). La microfinance peut aussi améliorer la résilience des ménages en facilitant leur accès aux filets sociaux comme les transferts de fonds (Ambrosius, Fritz et Stiegler, 2014). Elle peut aussi jouer un rôle déterminant dans la capacité d’adaptation des ménages (Nhemachena et Hassan, 2007). L’analyse des canaux d’impact de la microfinance sur la résilience alimentaire des ménages ruraux nous laisse entrevoir l’opportunité qu’elle offre dans la lutte contre l’insécurité alimentaire dans les pays en développement. L’analyse de la littérature montre que le pilier « actifs » est mécaniquement le premier des piliers impactés par la microfinance au travers des services de microcrédit et de micro-épargne. L’impact de la microfinance sur ce pilier peut avoir des répercussions sur les autres piliers, comme le pilier « accès aux services de base », montrant ainsi que lorsque le revenu est en hausse, plusieurs aspects sont impactés tels que l’éducation, l’accès à un logement, la productivité, la capacité d’adaptation, etc. Cette étude ne permet malheureusement pas de couvrir l’intégralité des liens entre la microfinance et tous les piliers de la résilience puisque deux d’entre eux (« filets sociaux », et « capacité d’adaptation ») n’ont pas été analysés, faute d’information.