Les organismes de recherche technologiques (RTO) sont des organisations dont l’objectif est la montée en maturité d’innovations au service du développement économique des territoires qu’elle soutiennent. Elles poursuivent leurs activités grâce au financement de projets de R&D via des partenariats industriels, des appels à projets sectoriels, nationaux, européens ou des mécanismes internes ou externes de ressourcement scientifique. Chaque financement obtenu pour un projet de R&D contribue de manière parfois totale mais le plus souvent de manière partielle au développement d’une solution innovante. Et l’écoconception, le développement durable, la circularité sont des thématiques transversales aux secteurs d’innovation des RTOs qui sont encouragées voire qui conditionnent l’accès à certains de ces financements pour chaque projet de R&D. Nous appellerons ici un projet de R&D, un projet ayant obtenu un financement unique pour contribuer à la montée partielle en maturité d’une solution innovante, et programme de recherche l’ensemble des projets de R&D qui contribuent à la montée totale en maturité d’une technologie. Au sein du RTO nommé CEA, le Liten est un institut qui développe depuis vingt des solutions innovantes pour la transition énergétique. Il conduit des travaux sur des briques technologiques comme l’énergie solaire, les batteries, le vecteur hydrogène, les molécules et les carburants durables, ans une logique d’efficacité énergétique et d’économie circulaire. Par vocation, et pour satisfaire les attentes de ses clients, de ses guichets de financements et de ses tutelles, cet institut a dû s’intéresser rapidement après sa création à l’intégration de la pensée cycle de vie et de l’écoconception à ses projets de R&D. Pour lever ces défis, deux programmes de recherche ont été montés et financés successivement grâce des guichets de ressourcement scientifique. Grâce à l’adaptation et au test d’une méthode d’écoidéation avec les spécificités de l’institut, le premier programme a permis d’augmenter l’impact de l’intégration de l’écoconception par l’innovation grâce aux contraintes environnementales. Le deuxième a permis d’augmenter les moyens, la vitesse sans alourdir la structure dédiée à l’innovation par l’autonomisation des chercheurs avec e test du déploiement d’un réseau dédié. L’intégration de l’éco-innovation, c’est-à-dire pour ce réseau interne, l’intégration de la pensée cycle de vie et de l’écoconception dans les projets de R&D a ainsi commencé à trouver un déploiement mieux synchronisé au rythme des autres activités de R&D. La pérennisation de ce réseau associé à des actions d’autonomisation des équipes a suffi pour aboutir à plusieurs intégrations localisées et indépendantes sur des périmètres thématiques et hiérarchiques définis au sein de l’entreprise. Cette trajectoire d’incorporation a enfin montré la nécessité de développer un outil de pilotage de l’intégration de l’écoinnovation sur l’ensemble des activités de développement des programmes de recherche, au-delà du seul périmètre de leur réalisation dans les projets de R&D. Elle a commencé il y a quinze ans avec l’insertion de la pensée cycle de vie à travers l’ACV ou d’un work-package dédié dans certains projets collaboratifs de R&D financés par des appels européens sur une variété de technologies de l’institut. Bien que démontrant la valeur ajoutée de cette compétence pour augmenter les travaux de recherche des équipes, cette intégration sur les sept premières années a montré trois difficultés : un impact limité de l’écoconception réelle des technologies, un décalage de vitesse entre la production plus lente des résultats d’évaluations environnementales par rapport à l’évolution rapide des objets évalués et des moyens de réalisation trop restreints. Après un témoignage des actions d’insertion d’ACV dans les projets de R&D et des bénéfices ainsi que des limites de ces actions sur l’écoconception réelle des innovations, cette contribution partagera les recherches conduites pour augmenter l’impact, la vitesse et les moyens de réalisation trouvés au Liten pour aller vers un ancrage de la pensée cycle de vie et de l’écoconception dans ses programmes de recherche.