L'introduction présente les enjeux et les grandes lignes de l'ouvrage "Espaces du blanc. Discours, pratiques, créations". Le blanc est un concept majeur dans la réflexion sur les relations entre écriture et figure. Souvent théorisé en Occident comme un vide, un manque qui s’oppose à la matérialité de la figure ou du signe écrit, il a souvent aussi fasciné les artistes et les écrivains qui s’en sont emparés. En Asie orientale, il est vu au contraire comme un principe structurant, indispensable à toute création de l’esprit et de la main. Les vingt-quatre contributions réunies dans l'ouvrage constituent une réponse collective à la question des formes et des enjeux du blanc dans les civilisations de l’écriture. Par-delà la diversité de leurs objets d’étude (sceaux, calligraphies, typographies, manuscrits et livres d’artistes, poésie, récit, roman graphique, bande dessinée, peinture, photographie) et des approches qu’elles convoquent, elles se proposent d’envisager le blanc comme un espace plutôt que comme une couleur, comme une valeur positive plutôt que comme un manque, comme un composant plein de l’image et du texte plutôt que comme un silence au sein d’une parole. Elles invitent le lecteur à un renversement épistémologique, aux prolongements fertiles dans de nombreuses disciplines des sciences humaines.