En France, dans un contexte de désindustrialisation survenue durant la période post-seconde guerre mondiale, les industries du cuir ont été marquées par l’effacement de certaines professions, laissant place à un artisanat qui tend à s’inscrire dans le patrimoine français. Cet article vise à étudier la ganterie française (au travers des cas de Grenoble, Millau et Saint-Junien), dans une optique de disparition de métiers artisanaux, puis de leur inscription parmi les métiers d’arts, tout en abordant les problématiques liées à la sauvegarde de savoir-faire devenus patrimoine. Il est question de traiter le sujet de la « désouvriérisation » de la ganterie dans le second après-guerre, qui s’est accompagnée d’une quasi-disparition des métiers, à sa patrimonialisation contemporaine marquée par une volonté de sauvegarde des savoir-faire par différents acteurs, organismes et entreprises. À Grenoble, la fermeture des grandes maisons gantières dans les années 1960 pose la question de la disparition de certains métiers, en particulier celui de coupeur de gants mais aussi ceux de brodeuses et de couturières de gants, et des conséquences socio-économiques sur le territoire. Le secteur est marqué par un phénomène d’« effacement des ressources territoriales » qui est le fait du vieillissement de la main-d’œuvre et du désintérêt pour ces métiers « anciens » (qu’il conviendra d’expliquer) sur un territoire au tissu industriel dynamique . Dans ce contexte, certains savoir-faire artisanaux dans leurs techniques tendent à se perdre, demeurant aux mains des quelques artisans – au sens d’indépendant travaillant à leur compte et maîtrisant les débouchés commerciaux – qui ont subsisté, bien qu’en décroissance durant les dernières décennies du XXe siècle. Ces derniers basculent d’une organisation socio-économique territoriale à une organisation de filière nationale. Dès lors, ils cherchent à promouvoir leur métier, se revendiquant d’une longue tradition territoriale, puis française. Au XXIe siècle, la ganterie s’inscrit parmi les métiers d’art, tandis que différents acteurs cherchent à perpétuer et à sauvegarder ces savoir-faire en voie de disparition par des actions qu’il conviendra de présenter.