Misopédie. Adult domination in contemporary artistic, scientific, political and medical discourses, University of Limoges
October 3-4, 2024
Misopaedia is the hatred of children (in the same way as misogyny is the hatred of women). It's the feeling of contempt - most often unconscious - that we hold for the youngest, the rejection that we subject them to in the workings of the polis. Being or having been a child is the one and only universal experience common to every human being on the planet. And yet, generation after generation reproduces an inability to empathize with childhood, once we've left it behind. This misopedia is not universal, but it is fairly widespread, and of course varies according to time and place. Adults, for the most part and almost constantly, allow themselves to do things to children that any adult in a position to defend themselves would vehemently refuse to do: forcing them to sit still for hours on end at an age when physical movement is a need, not a leisure activity, shouting at them, imposing specific times for urinating, beating up those weaker than themselves, threatening them, blackmailing them, punishing them for feeling emotions (remember that anger is the natural expression of a boundary not respected... the egg comes from the hen that comes from the egg), using oppressive humor, etc. But children in today's society have no way of defending themselves.
Misopédie. La domination adulte dans les discours contemporains artistiques, scientifiques, politiques et médicaux, Université de Limoges
3 et 4 octobre 2024
La misopédie est la haine des enfants (comme on parle de misogynie, à propos des femmes). C'est le sentiment de mépris -le plus souvent inconscient -qu'on porte aux plus jeunes, le rejet qu'on leur fait subir dans le fonctionnement de la polis. Être ou avoir été un•e enfant est la seule et unique expérience universelle commune à tous les êtres humains de la planète. Et pourtant, de générations en générations se reproduit une incapacité à entrer en lien empathique avec l'enfance, une fois qu'on l'a quittée. Cette misopédie n'est pas universelle mais elle est assez répandue et elle varie bien sûr selon les époques et les lieux. Les adultes s'autorisent pour la plupart et presque en permanence quantité de faits et gestes sur les enfants que tout adulte en mesure de se défendre refuserait avec véhémence : contraindre à rester assis des heures à un âge où le mouvement physique est un besoin et non un loisir, crier dessus, imposer des heures précises pour uriner, taper des plus faibles que soi, menacer, soumettre à des chantages, punir de ressentir des émotions (rappelons que la colère est l'expression naturelle d'une limite non respectée… l'oeuf vient de la poule qui vient de l'oeuf), faire de l'humour oppresseur, etc.
Mais précisément, les enfants, dans notre société actuelle, n'ont pas de possibilités de se défendre, parce qu'ils sont physiquement plus faibles, parce qu'ils n'ont aucune autonomie financière, sociale et émotionnelle et, plus grave, parce qu'ils ne sont pas protégés par le droit. À ce jour, les enfants constituent en effet la seule population encore privée de droits fondamentaux, c'est-à-dire cantonnée au statut juridique de « mineur », statut qui était encore celui des femmes en France jusqu 'en 1938 voire 1965. Ces violences constituent un continuum. Et en 2024 les chiffres officiels estiment qu'1 enfant rien qu'en France subit une agression sexuelle toutes les 3 minutes. Cela est rendu possible parce qu'en amont de cette agression existent des habitus de domination voire d'écrasement très solides, le plus souvent au nom de « l'éducation ».
Jusqu'à présent, de nombreux travaux scientifiques internationaux ont étudié les phénomènes de domination et de discrimination en fonction des appartenances ethniques ou raciales, en fonction du genre, de l'orientation sexuelle, du choix religieux, des populations discriminées et dominées. L'étude de l'âgisme (la discrimination liée à l'âge) se développe, mais elle concerne en général les personnes les plus âgées ou les « jeunes », c'est-à-dire des personnes n'étant plus des enfants. Les différents ouvrages consacrés au care, aux États-Unis ou en France, oublient étonnamment presque systématiquement cette immense partie de la population qui ne peut survivre sans recevoir du care : les enfants. Ce colloque souhaite donc se consacrer à analyser les phénomènes de domination, de discrimination adultiste dont sont aujourd'hui victimes les enfants.