La fouille archéologique des terrains 4 et 5 du parc départemental des sports de La Motte sur la commune de Bobigny (Seine-Saint-Denis), réalisée par l’équipe du Bureau du patrimoine archéologique du Département de la Seine-Saint-Denis sous la direction d’Alexandre Michel, s’est achevée en 2021. Depuis 1992, le Bureau du patrimoine archéologique a conduit près d’une trentaine d’opérations d’archéologie préventive à Bobigny, permettant d’ouvrir de nombreuses fenêtres sur le passé de la partie occidentale de la commune. Une vaste nécropole du 3e siècle av. notre ère comportant plus de 500 tombes (site de l’hôpital Avicenne) et des enclos d’activités artisanales des 2e et 1er siècles av. notre ère (site de la Vache à l’Aise) ont notamment été découverts. Situé au sud-est de ces sites, la fouille des terrains 4 et 5 du parc départemental des sports de La Motte a révélé une occupation datée de La Tène C2/D1, caractérisée par des enclos fossoyés dont au moins trois sont palissadés. À partir du milieu du 1er siècle de notre ère, le site connaît une organisation spatiale différente. Au nord de l’emprise de fouille, l’espace est occupé par des regroupements de fosses dont la fonction n’est pas encore établie. La zone a également livré plusieurs puits maçonnés dont le cuvelage repose, pour un grand nombre d’entre eux, sur un cadre en bois. Ces puits, associés à la présence de fossés, suggèrent une importance particulière de l’utilisation de l’eau dans cette partie du site. Au sud, l’occupation est structurée par deux voies empierrées d’axe nord-sud et est-ouest formant un carrefour. La chaussée nord-sud, moins bien conservée et paraissant plus étroite semble correspondre à un axe secondaire. La chaussée est-ouest, mieux conservée, plus large et observée sur une plus longue distance présente des vestiges de fossés bordiers et des traces d’ornières révélant une circulation sur une longue période. Le long de ces voies, plusieurs bâtiments ont été mis au jour. Relativement arasés, la plupart étaient aménagés sur solins de pierres avec des maçonneries légères constituées de torchis hourdis sur une armature en bois. Une structure de poteaux porteurs est attestée pour le bâtiment à l’angle des deux voies et un autre présente probablement un portique le long de la chaussée. Les niveaux de sols d’occupation ne sont pas conservés, contrairement à plusieurs celliers enterrés fouillés au sein de certains bâtiments. Le secteur bâti au sud du terrain, ordonné par les voies, livre dans les espaces associés aux bâtiments plusieurs puits. Les parcelles existent probablement, mais n’ont pas été clairement perçues. Le site des terrains 4 et 5 du parc départemental des sports de La Motte rejoint le corpus des habitats groupés identifiés dans le nord de l’Île-de-France, encore peu nombreux. C’est l’occasion de s’interroger sur les termes qui peuvent qualifier cette occupation en bord de rue (village, bourg, agglomération etc.), et son intégration dans le territoire des Parisii.