Le mobilier non céramique est souvent utilisé pour mettre en évidence des populations au statut social privilégié : présence d’objets dits rares – voire unicum – ; objets d’importations provenant d’ateliers plus ou moins éloignés, grandes quantités d’objets, tels sont les critères les plus fréquemment appliqués. Toutefois, la situation s’avère être, dans de nombreux cas, plus complexe que la simple constatation de ces différents caractères. Tout d’abord, l’objet, comme les entraves, peut renvoyer aux classes sociales au statut inférieur, et les découvertes de grandes quantités de mobilier, comme celle de la cave de Saint-Clément (Yonne) avec un très abondant outillage, ne fournissent pas toujours d’indicateurs du statut social. La rareté d’un type d’objet peut ainsi refléter une réalité objective (symbolique sociale forte des missoria, cadeaux impériaux), conjoncturelle (découverte de vaisselle rare du fait d’une production limitée par exemple), voire épistémologique (rareté des découvertes, difficultés d’identification, etc.). L’utilisation de matériaux précieux, l’importance et la qualité du travail mis en oeuvre sont d’autres critères, comme la présence simultanée et sur un même site de plusieurs catégories d’objets socialement déterminants. L’analyse d’un site et de son mobilier est d’autant plus compliquée quand le contexte d’une abondance particulière est caractérisé comme le démontage d’un site après son abandon. Il n’est toutefois pas question de nier la présence de populations aisées sur les grandes villae par exemple, où le critère quantitatif s’observe aisément. À contrario, l’absence de mobilier assimilé trop rapidement comme marqueur social peut, sur certains sites, masquer une population appartenant aux élites, mais dont le matériel a été récupéré au moment de l’abandon des lieux. Il apparaît donc que la définition des statuts sociaux, par l’intermédiaire du mobilier non céramique, est un subtil mélange d’approches qualitatives (valeurs culturelle, symbolique mais aussi économique des productions) et quantitatives (aisance matérielle et facilité aux rejets), et qui doit prendre en compte le contexte de découverte et les spécificités de l’échantillon matériel découvert et identifié. Enfin, il est évident que le mobilier n’est qu’un des critères de définition et qu’il doit être croisé avec les données issues des structures (aspects architecturaux…) auxquels la double grille de lecture qualitative et quantitative peut d’ailleurs également être appliquée. Cette communication s’attachera donc à discuter des limites et des apports du mobilier non céramique à l’étude des statuts sociaux, à partir d’exemples issus des campagnes d’Île-de-France.