L’intervention archéologique menée sur la commune d’Epagny prend place dans le cadre de la création de logements au lieu-dit « Plafète ». Suite à un diagnostic positif réalisé par Anne-Claude Remy (Inrap) en février 2015, une opération archéologique de fouille préventive a été prescrite sur une superficie de 3 000 m². Une surface de 2 000 m², située au nord de l’emprise principale et non accessible lors du diagnostic, a été évaluée lors de notre intervention. Le site est localisé à environ cinq kilomètres au nord-ouest d’Annecy, au pied de la Montagne d’Age. La surface décapée présente une forte pente nord-ouest/sud-est au sein de laquelle les installations ont été reconnues. La fouille a mis en évidence deux horizons de l’âge du Bronze. L’implantation des vestiges semble précédée par un paléoincendie, qui, bien que non daté, pourrait être lié à ces occupations. Les vestiges de l’étape initiale du Bronze final sont concentrés dans la partie septentrionale de l’emprise. Les fosses d’ancrage de poteau et les sablières basses forment un ou deux bâtiments rectangulaires, dont la taille exacte est incertaine du fait des nombreuses lacunes. L’hypothèse d’une installation sur terrasse, en partie effondrée, peut être avancée. Des jarres de stockage sont présentes à l’intérieur et/ou à l’extérieur de(s) construction(s). L’étude des macro-restes végétaux conservés dans le comblement des vases permet d’envisager un décorticage quotidien des graines sur place. L’ensemble du mobilier découvert, notamment céramique (jarres, pots, gobelets, coupes), évoque un habitat du Bronze final initial. Au Bronze final IIb, l’occupation évolue et se structure avec un autre aménagement en terrasses, soutenues par des éléments de maintien. Sur une bande étroite au centre de l’emprise, s’alignent des vestiges délimitant trois espaces : une construction sur poteaux d’environ 30 m², à laquelle des lambeaux de sol peuvent être associés, a été mise en évidence à l’extrémité orientale ; au centre, l’association d’une structure de combustion à galets, de deux jarres de stockage et de calages de poteau épars évoque l’existence d’une élévation ; enfin à l’ouest, des alignements de pierres pourraient appartenir à un bâtiment sur solins. La nature des vestiges et le lot céramique (coupes, jarres, gobelets) témoignent d’une occupation à vocation domestique au cours de l’âge du Bronze final IIB. La fouille vient ainsi souligner le potentiel archéologique du secteur, particulièrement pour les périodes anciennes des âges des Métaux, en mettant en évidence des occupations de versant, contemporaines des stations littorales. Elles attestent de fonctionnalités différentes et esquissent des modalités d’occupation du sol variées et complexes pour les populations de l’âge du Bronze entre les lacs et le terroir environnant.