Introduction La fièvre Q est une zoonose bactérienne ubiquitaire liée à Coxiella burnetii. La Guyane, et en particulier la presqu'île de Cayenne, est le territoire avec l'incidence la plus élevée au monde. Le réservoir animal est inconnu, les cas non liés au contact avec le bétail, et la répartition des cas ne répond à aucun schéma connu habituel. En outre, au sein d'un territoire multiculturel, la forme aiguë et symptomatique de cette maladie touche de façon préférentielle certains groupes ethniques, en particulier ceux nés en Europe. En utilisant une approche cartographique et statistique, l'objectif est de démontrer qu'entre 2007-2017, la répartition des cas est non aléatoire et potentiellement influencée par l'environnement. Matériels et méthodes Tous les cas de fièvre Q aiguë diagnostiqués en Guyane entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2017 ont été identifiés à partir des résultats sérologiques compatibles, IgG de phase II > 200 et ou IgM de phase II > 50, associés à un tableau clinique compatible. Les patients pour lesquels les informations cliniques manquaient ont été exclus. Le domicile des patients a été géolocalisé à partir de la base de données hospitalières. Les patients ne vivant pas dans la presqu'île de Cayenne ont été secondairement exclus. Les données sur les cas ont été regroupées par zones géographiques, puis des taux d'incidence ont été calculés pour chaque zone. Différentes analyses géo-statistiques (test de Potthof-Whittinghill, autocorrélation spatiale globale et locale,) ont été appliquées afin de caractériser la distribution spatiale de ces cas et de déterminer si elle est aléatoire ou influencée par des facteurs territoriaux. Résultats Sur la période d'étude, 512 cas ont été retenus. L'utilisation du test de surdispersion montre que les cas ne sont pas uniformément distribués sur le territoire étudié. Le test d'autocorrélation global montre que les taux d'incidences comparables ont tendance à être regroupés géographiquement, et la version locale du test précise l'emplacement de cette concentration en cas, confirmant l'hypothèse d'une distribution structurée géographiquement. Conclusion Notre étude montre que la répartition des cas dans la région de Cayenne n'est pas aléatoire. Les analyses statistiques ont montré l'existence d'une composante spatiale dans les taux d'incidence, se traduisant par l'existence de regroupements de cas et suggérant une influence de variables environnementales. Le travail doit se poursuivre avec la recherche de facteurs environnementaux qui induisent de telles structures spatiales, tels que les routes, la végétation, la proximité aux élevages, les facteurs environnementaux (indices spectraux et métriques paysagères issus des images satellites), dont climatiques (température, hygrométrie et pluviométrie).