Désormais impérative, la décarbonation désigne l’ensemble des mesures visant à réduire ou éliminer les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans toutes les activités économiques. Elle repose sur plusieurs piliers : décarbonation des vecteurs énergétiques, efficacité énergétique, électrification des usages finaux, sobriété et captage du carbone. Leur mise en œuvre dépend des avancées technologiques et des choix politiques. Le projet E-CHO d'Elyse Energy, annoncé par Emmanuel Macron en 2023, incarne cette transition. Situé à Lacq, près de Pau, ce projet ambitieux intègre trois usines interdépendantes : HyLacq (production d'hydrogène), BioTjet (fabrication de e-biokérosène à partir de biomasse forestière, secondaire et agricole), et eMLacq (e-méthanol). L’objectif principal est de décarboner trois secteurs à forts enjeux mais difficiles à décarboner : la chimie, le transport maritime et le transport aérien. Malgré ses ambitions, le projet suscite des controverses, notamment en raison de son besoin élevé en biomasse, perçu comme une menace pour les forêts locales et comme emblématique des dérives du « technosolutionnisme » par certains acteurs. Ce point a particulièrement attiré l’attention lors de la consultation préalable menée sous l’égide de la CNDP. Dans cette communication, nous reviendrons sur le contexte de la décarbonation et ses piliers, en nous concentrant sur la décarbonation des vecteurs énergétiques et l’utilisation de la biomasse, une ressource énergétique renouvelable offrant une alternative aux énergies fossiles et centrale dans le projet E-CHO. Ensuite, nous analyserons les implications d’un tel projet sur les forêts du Sud-Ouest de la France, en abordant les enjeux liés à l'acceptabilité locale et aux mobilisations sociales et politiques, en soulignant les divergences d’intérêt des acteurs locaux concernant ce projet. Enfin, nous démontrerons, à travers l’analyse des verbatims des réunions de concertation préalable (Elyse Energy et CNDP) et informelle (organisées par la collectif Touche pas à ma Forêt – Pour le Climat), que les conflits autour du projet E-CHO dépassent le cadre spécifique de ce projet pour illustrer des choix de société plus larges en matière de décarbonation (sobriété et technosolutionnisme).