L'article examine un projet de recherche-action participative (RAP) sur la scolarisation dans le centre-ville de Marseille. Le théâtre forum-Communication non violente, qui associe les démarches d'A. Boal et de M. Rosenberg, a été utilisé comme méthode d'enquête. Chercheur·es, expert·es et habitant·es (parents, enseignant·es, éducateur·rices et adolescent·es) issus de classes sociales et d'origines ethniques variées y ont participé afin que chaque groupe ait l'opportunité d'examiner les positions, les ressentis et les savoirs des autres. Le texte analyse les étapes mises en oeuvre pour que les participant·es puissent expérimenter une forme d'empathie de type rogérienne, conçue comme un changement de perspective (physique, émotionnel et cognitif), pour approcher le 'cadre de référence' de l'autre sans ni s'identifier à ce cadre ni avoir l'illusion d'y accéder réellement. Il précise les modalités et l'usage de 'l'empathie systémique' (pour le groupe social) lors de la scénarisation et de la création des personnages du théâtre forum. Il montre que, dans ce type de dispositif, les chercheur·es passent d'une relation duale (chercheur·e/enquêté·e) à un système d'échanges réciproques entre leur groupe d'appartenance et différents groupes sociaux co-enquêteurs. Il conclut sur l'intérêt de faire appel à certaines formes du sensible pour la co-construction des savoirs.