Si la fraternité est d’abord un fait, ce n’est qu’en tant qu’idéal qu’elle révèle toute sa consistance axiologique. Mais cette valeur est difficile à définir, tant sa mise en forme menace d’en étouffer la portée. La fraternité, d’abord, ne saurait être sans attache et sans affect : elle émane toujours d’une personnalité incarnée. Elle ne saurait d’autre part être pensée comme modèle normatif : la coercition lui est fatale. Elle doit donc être anomique, au sens d’une norme sans modèle, à réinventer, qui se ressource dans cet élan de la vie vers la générosité, révélant que l’individualisme n’est pas qu’égoïsme.