Notre étude vise à comprendre pourquoi et comment les acteurs tiers réagissent face à la maltraitance en contexte professionnel, en examinant les facteurs qui influencent leur inaction ou leur action (in)directe. Pour ce faire, nous mobilisons le cadre théorique du sensemaking de Weick (1995, 2012) et l’abordons comme un processus par lequel les individus tentent de donner sens à des expériences complexes, ambiguës et perturbantes, telles que celles vécues lors de situations de violence et d’injustice au travail. À travers une analyse de témoignages recueillis auprès de trente personnes évoluant dans des contextes professionnels divers, nous identifions quatre niveaux de courage : l’inaction (niveau 1), le courage limité (niveau 2), le courage oppositionnel collectif (niveau 3) et le courage oppositionnel individuel (niveau 4). Nos résultats montrent que le manque de soutien organisationnel ne conduit pas toujours à la résignation mais qu’il peut paradoxalement catalyser des comportements courageux individuels. Cette recherche contribue à la compréhension des dynamiques de courage organisationnel et de la manière dont les acteurs interprètent et réagissent aux abus au travail.