Dès la mi-août 1944, la présence américaine en Méditerranée se fait d’autant plus présente. Les reporters, militaires ou non, présents sur le terrain, ne peuvent alors pas éviter les diverses colonnes et détachements empruntant les routes libérées. Cependant, cette co-présence ne se remarque pas ou très peu dans les bobines du Service Cinématographique de l’Armée, pourtant très productif durant l’été 1944. Des équipes de reporters, bien organisés, produisent des centaines de clichés documentant les opérations sudistes – de Marseille à Monaco. Les unités américaines en sont paradoxalement évincées. Leur présence se manifeste en réalité davantage avec les dotations en matériel offertes aux troupes françaises1 – chars, véhicules, armes...que par la réelle implication physique de soldats. Cette dotation, très importante assure pourtant la réussite des opérations. En réalité, les photographies dépeignant des unités d’outre- Atlantique se retrouvent alors davantage dans les corpus de photographes amateurs présents dans les maquis, notamment en ce qui concerne Paul Delobeau. Ce dernier témoigne par exemple de l’arrivée de chars américains dans les villages qu’il fréquente, et du bonheur que cela procure à ses camarades. Les photographes de troupes maquisardes prennent des clichés anonymes représentent des résistants aux côtés de forces américaines voire des opérations menées par des forces américaines et françaises, « guidées par des FFI2 ». Ici, les troupes étrangères sont donc extrêmement présentes. A l’inverse, Vichy, dans sa manière d’expliquer les événements de Provence, ne parle que de « troupes anglo-américaines » et non françaises, comme par une volonté d’invisibiliser et de ne pas croire à l’invasion du territoire par des hommes en étant issus. Les américains apparaissent ici comme une force grouillante, bien trop présente. Ainsi, notre travail tend à expliquer et à illustrer cette absence et non-absence iconographique dans les relais d’images existants à la libération de la Provence. Nous analysons des corpus du SCA et des photographes maquisards, dans un objectif comparatif nous permettant de comprendre les raisons de ces choix éditoriaux, qu’ils soient propagandistes ou égocentriques – dans une volonté d’écriture d’une histoire franco-française de la libération.