Depuis plus d'un siècle, la position systématique d'éléments squelettiques isolés décrits par Hadding (1913) dans la Formation des Schistes à Dicellograptus (Katien inférieur, Ordovicien supérieur) en Suède a été fortement débattue (crustacés, échinodermes ou mollusques ?). L'analyse de nombreux échantillons inédits récoltés dans les mêmes niveaux stratigraphiques sur l'île danoise de Bornholm a permis de mettre en évidence qu'ils sont morphologiquement identiques aux plaques isolées attribuées par Hadding (1913) à trois espèces distinctes du genre Anatifopsis Barrande, 1872 : A. curtus, A. elongatus et A. vomer. Le matériel danois, mieux préservé et plus complet, démontre que les éléments isolés décrits par Hadding (1913) appartiennent à un seul et même taxon. Cependant, celui-ci ne peut être attribué au genre Anatifopsis dont la position phylogénétique, après avoir été longuement débattue, est désormais bien établie au sein des échinodermes (classe Stylophora, ordre Mitrata). La préservation de plusieurs plaques en connexion anatomique permet également d'écarter toute affinité avec les crustacés. Elle confirme, au contraire, l'appartenance longtemps suspectée (Dzik, 1994) de ces restes aux mollusques polyplacophores (chitons). La comparaison des caractéristiques morphologiques de ces spécimens à ceux d'autres chitons paléozoïques a permis de les attribuer au genre Solenocaris Young, 1868, caractérisé notamment par la possession d'une plaque postérieure particulièrement allongée (Reed, 1907). Ce genre n'était connu jusqu'à présent que par son espèce-type (S. solenoides) décrite dans l'Ordovicien supérieur (Katien) d'Écosse.