Les pigments colorés utilisés dans le tatouage sont aujourd’hui essentiellement de nature organique. Maintenus dans le derme par les macrophages, ils sont susceptibles de subir différents processus de dégradation, dont l’impact de l’exposition à la lumière solaire. Nous explorons l’hypothèse que ces phénomènes de dégradation pourraient générer des produits solubles ou des petites particules capables de migrer vers l’épiderme où ils participeraient aux effets toxiques des tatouages. En effet, certains travaux proposent un lien entre le tatouage et des cancers cutanés. De plus, des allergies et des phénomènes de photosensibilisation ont été observés. Dans ce travail, nous nous sommes intéressés à une série de pigments, parmi lesquels le pigment diazo organique orange (Po13) s’est révélé particulièrement toxique. Des suspensions aqueuses ont été vieillies par exposition à la lumière solaire simulée à 40° C. La morphologie et la charge superficielle des particules de Po13 ont été peu modifiées par le vieillissement, mais leur taille a été réduite. Des photoproduits solubles ont été détectés dans les fractions liquides. Le photoproduit majoritaire (DCBP) a été produit en grande quantité en suspension dans l'isopropanol et purifié. Les profils toxicologiques des suspensions vieillies, de leurs fractions solubles et du DCBP ont ensuite été déterminés sur la lignée cellulaire de kératinocytes HaCaT. L'impact des suspensions de Po13 sur la viabilité n'a guère été affecté par le vieillissement. En revanche, les fractions solubles étaient plus toxiques après photovieillissement. Les suspensions et les filtrats n'ont induit ni la libération d'espèces réactives de l'oxygène ni la formation de cassures de brins d'ADN. Les échantillons n'ont montré que des effets limités sur le protéome des cellules HaCaT. À l’inverse, le DCBP était cytotoxique et induisait la production de ROS, mais n’était pas génotoxique. Le DCBP s’est avéré activer les monooxygénases CYP450 connues pour être impliquées dans le métabolisme des xénobiotiques. Au total, nos résultats montrent que le vieillissement de Po13 entraîne la libération de composés toxiques solubles. Des études en cours montrent des phénomènes de photodégradation similaires pour deux autres pigments rouges très utilisés dans les tatouages, Pr 254 et surtout Pr122.