Le concept de « bien-être » est au coeur des évolutions actuelles de la société. On l'applique couramment aux animaux. Le « bien-être animal » (BEA) a intéressé les vétérinaires dès la création des Écoles vétérinaires. Qu'en est-il au 21è siècle ? Les vétérinaires sont-ils toujours intéressés par le BEA ? Nous avons choisi d'aborder la question par une analyse quantitative et comparative, à partir de trois échantillonnages pris dans quatre corpus de textes entre 2003 et 2023 : les thèses d'exercice vétérinaires (ThEV), les thèses d'université (ThU), La Dépêche Vétérinaire (DV) et la base de données Europresse. Le nombre de ThEV consacré au BEA augmente régulièrement, avec une très forte dynamique depuis 2018-2019. À partir de 2023, l'augmentation est aussi sensible dans la presse professionnelle et de façon encore plus spectaculaire dans la presse généraliste. L'emploi de l'expression BEA pose problème. Les auteurs ne donnent pas le même sens à cette expression, selon qu'ils sont scientifiques, vétérinaires ou journalistes. Le BEA apparaît comme un concept ambigu, une expression « fourre-tout » impossible à définir de façon universelle et utilisée parfois sans discernement. La distinction entre le BEA qui concerne les animaux pris individuellement et la bientraitance qui suppose une intervention humaine n'est pas toujours claire. Alors que les auteurs français emploient largement l'expression BEA, les anglo-saxons préfèrent celle de « welfare » (bientraitance). Bien que peu visibles dans l'espace médiatique, les vétérinaires ont un rôle à jouer pour améliorer la qualité des débats, en faisant référence à leurs domaines d'expertise et en montrant l'exemple d'une utilisation plus rigoureuse des expressions ou mots-clés employés.