La persistance de symptômes physiques malgré la « guérison biologique » d’une maladie aiguë ou la « rémission biologique » d’une maladie chronique est une observation fréquente en médecine. Sans surprise, le même phénomène est observé dans la COVID‐19. Au‐delà de mécanismes spécifiques à chaque pathologie, cela suggère l’existence de mécanismes transnosographiques de persistance des symptômes, quelle qu’en soit l’origine. Certains de ces mécanismes sont modifiables et constituent donc des cibles potentielles pour le traitement et la prévention. C’est notamment le cas des symptômes anxieux et dépressifs, qui sont associés à un risque accru de symptômes persistants après une infection aiguë. Grâce aux données de la cohorte CONSTANCES et au soutien de l’ANRS MIE, nous avons pu montrer que la présence de symptômes anxieux ou dépressifs avant ou au début de la pandémie était associée à une incidence accrue de symptômes persistants, indépendamment de l’infection par SARS‐CoV‐2. Par ailleurs, les symptômes dépressifs lors de la première vague expliquaient 40 % du sur‐risque féminin de tels symptômes en cas d’infection. Dans le Covid long, la corrélation entre les symptômes dont souffrent les patients et les signes observés par les médecins (dont les résultats des explorations biologiques) est souvent faible, voire absente. Cette corrélation est en réalité toujours relative en médecine, ce qui suggère un continuum entre symptômes « organiques » (corrélation forte) et « fonctionnels » (corrélation faible). Conformément à cette hypothèse, la présence d’une dyspnée fonctionnelle à l’inclusion dans CONSTANCES était associée à une incidence accrue de tous types de symptômes persistants, indépendamment de l’infection par SARS‐CoV‐2. Ces résultats suggèrent que la recherche sur le Covid long ne doit pas se limiter aux mécanismes spécifiques de SARS‐CoV‐2.