Les frontières ne suffisent pas à endiguer la volonté de certains États autoritaires de neutraliser toute personne incarnant une forme d’opposition politique. Cette volonté peut en effet s’exporter sur le territoire d’un autre État au sein duquel s’est exilé un opposant politique. Dans ce cas, la neutralisation d’un opposant politique n’est plus une « relation » binaire entre l’État neutralisateur et l’opposant, mais une « relation » ternaire qui inclut l’État d’accueil de l’opposant politique. Bien que ce dernier en constitue le noyau, il n’en demeure pas moins, d’un point de vue juridique, un acteur passif. Le droit international n’exige en effet de l’opposant aucune conduite. En revanche, il contraint, censément, les deux États engagés dans cette relation à certaines actions ou abstentions visant, en premier lieu, au respect et à la garantie des droits de l’opposant, mais également de leurs propres droits souverains. Cet article propose ainsi d’analyser la neutralisation des opposants politiques sous l’angle des obligations étatiques.