À la fin du XXe siècle, le personnel de cantine se professionnalise et se dissocie des équipes éducatives. Qui sont aujourd’hui celles et ceux qui nourrissent les écoliers français à chaque pause méridienne ? Nous proposons d’éclairer leur travail à travers la notion de « sale boulot », par laquelle Everett Hughes désignait des tâches « physiquement dégoûtantes », symbolisant « quelque chose de dégradant ou d’humiliant », voire immorales [HUGHES, 1996]. À partir d’une enquête en cours dans deux restaurants scolaires, dans le Rhône et à Paris, nous montrerons comment le rôle de ces professionnels est pensé dans le prolongement des « fonctions ménagères et maternelles », polyvalent et demandant avant tout de s’adapter en permanence aux attentes [AVRIL et RAMOS VACCA, 2020] non seulement d’autres adultes (diététiciennes, élus, parents…), mais aussi d’enfants. Si une partie du personnel peut s’approprier positivement ces tâches, les représentations dominantes des agents, des autres professionnels en contact avec eux et des enfants restent celles d’un travail peu qualifié et dégradant.