Les Spatialités narratives du vêtement chez Sergio Toppi
Résumé
“Si je ne quittais pas mon vêtement, je n’en percevrais jamais l’envers,
et l’on verra justement que mes vêtements peuvent devenir
comme des annexes de mon corps“
(Merleau-Ponty, 2009, p.120).
Toppi pare le corps, par la texture. Au travers de ses dessins, le vêtement constitue une matière picturale qui habille les personnages dans le cadre d’un récit encastré (Robert, 2018, p. 186), emboité (Cauquelin, 2013, p. 82), mais il constitue aussi une trace, abstraite, dessinant elle-même la structure d’un processus narratif. L’abstraction, c’est-à-dire la composition même de la texture comme « plan de l’émergence/disparition de la représentabilité de la représentation » (Derrida & Meyer, 2015, p. 44) « dans » ou « avec » le décor (Robert, 2018, p. 185) construit une mise en réseau, et l’étendue des qualités narratives du vêtement. Ce dernier met en lumière l’architecture d’un monde flottant (Brandon, 2016, p. 340), en mouvement, dans lequel le.a lecteur.e contemple les fibres et flux propre de la narration.
En suivant le mouvement, nous verrons que le vêtement s’orne de multiples spatialités permettant le passage entre les instances de la narration et sa structure même. Aussi à la manière d’un moucharabieh vu de deux côtés simultanément, l’image du vêtement et donc la texture donnée a ses propres spatialités, forme une interface dans laquelle le lecteur s’immerge, entreprend une lecture du corps de narration même. Nous étudierons par extension comment, le vêtement chez Toppi constitue une réappropriation, l’incarnation du personnage dans la spatialisation d’un scénario centrée sur la bande dessinée en Réalité Virtuelle.