Contexte : Depuis une vingtaine d’années, l’apprentissage de la programmation informatique (ré)intègre les cursus scolaires, en France comme à l’étranger. L’apparition de logiciels de programmation éducatifs visuels rend plus accessible cette discipline complexe. Par ailleurs, les données empiriques montrent qu’apprendre à programmer stimulerait les capacités cognitives essentielles au développement intellectuel des enfants et adolescents. Une des finalités principales de cet enseignement consiste à transmettre la " pensée informatique ", un ensemble de processus utilisés pour résoudre des problèmes en s’appuyant sur des concepts issus de l’informatique, et dont la maîtrise constituerait un enjeu sociétal majeur pour le XXIème siècle. Cependant, si de nombreux chercheurs s’accordent sur la nécessité d’enseigner la programmation et la pensée informatique dès le plus jeune âge, il existe encore de nombreuses incertitudes sur la manière avec laquelle cet apprentissage peut être évalué. L’objectif de cette contribution est de synthétiser les apports et limites des outils utilisés actuellement pour évaluer la pensée informatique à l’école. Méthode : Nous avons effectué une revue de la littérature à l’aide de la base de données transdisciplinaire Google Scholar. Notre recherche nous a permis de sélectionner 22 articles centrés sur un outil permettant d’évaluer la pensée informatique. Seuls les articles présentant une description précise de cet outil et/ou des données psychométriques attestant de leur validité ont été inclus à notre étude. Malgré l’intérêt des approches qualitatives, celles-ci ont été exclues car nous nous sommes focalisés sur les outils permettant la récupération de données quantitatives, plus propices à la discrimination de différents niveaux de performances et facilitant les comparaisons. Résultats : Cette revue de la littérature a permis d’identifier trois approches différentes pour évaluer la maîtrise de la pensée informatique : - Les échelles auto-évaluatives qui considèrent souvent la pensée informatique comme l’agrégation de plusieurs compétences bien identifiées (pensée critique, pensée créative...) - Les outils d’analyse " objectifs " du code produit par l’élève qui permettent d’estimer un certain niveau de maîtrise de la pensée informatique à partir des blocs qui sont utilisés par l’apprenant lorsqu’il construit un programme sur un logiciel éducatif. ∗Intervenant - Les tâches de résolution de problèmes dont l’objectif est de proposer des problèmes dont la résolution n’est possible qu’en utilisant certaines compétences liées à la pensée informatique. L’évaluation peut alors être centrée sur le résultat (" le problème est-il résolu ? ") ou sur les processus implicites (" Comment l’élève résout-il le problème ? "). Conclusion : Bien que plusieurs outils aient été validés pour mesurer la pensée informatique, les différentes approches proposées présentent certaines limites et aucune ne fait véritablement consensus. De nombreux chercheurs recommandent d’ailleurs de combiner plusieurs approches. Partant de l’analyse des atouts et limites des outils recensés, notre étude a pour ambition de nourrir la réflexion actuelle autour des bonnes pratiques en matière d’évaluation de la pensée informatique. Bénéficier d’outils capables de distinguer les aspects notionnels (connaissance et compréhension des notions) et procéduraux (capacité à appliquer ces notions pour résoudre des problèmes) impliqués dans la pensée informatique constitue notamment une piste qui sera discutée.