Rome [HBO/BBC] et l’art de la contingence historique
Résumé
The TV series Rome (HBO and BBC, 2005-2007), as an ambitious fresco depicting the end of the Roman Republic, is the last big peplum of the early 21st century. The most expensive series ever at the time of its release, full of references to ancient literary sources, Rome is a blockbuster that pays close attention to the most trivial details of the Roman culture. The series features the key political figures of the late Republican era, but turns to the history of common people, following the journey of two veterans, ordinary citizens whose destiny merges and intertwines with that of the "Great Ones". With its realistic ambitions, without grandiloquent mannerisms (omnipresent humble folk, swarming and crowded city), and playing with the fundamentals of the genre (gladiators, orgies, palace life, drama), Rome shakes up the codes of the epic antiquity, giving a vision of a city more realistic than ever, without abolishing the shackles of a genre that is difficult to renew. The aim of this paper is to analyze the place of these constraints in the narrative, and their role in the interplay of scale and causality in relation to the historical "event" (history vs stories – psychology – social tensions).
La série Rome (HBO et BBC, 2005-2007), ambitieuse fresque sur la mort de la République romaine, occupe la place de dernier grand péplum du début du XXIe siècle. Série la plus chère de l’histoire à sa sortie, pétrie de références aux sources littéraires antiques, Rome est une superproduction très attentive aux détails les plus triviaux de la culture romaine. Peuplée des figures incontournables de l’époque tardo-républicaine, la série se tourne malgré tout vers l’histoire populaire et suit le parcours de deux vétérans, citoyens ordinaires au destin se mêlant à celui des « Grands ». Bouleversant les codes du péplum par son ambition réaliste, sans maniérisme grandiloquent (petit peuple omniprésent, ville grouillante), jouant avec des incontournables du genre (gladiateurs, orgie, vie de palais, théâtralité), Rome offre la vision d’une cité plus vraisemblable que jamais sans abolir les carcans d’un genre difficile à renouveler. Cet article souhaite analyser la place de ces carcans dans la narration, leur rôle dans le jeu d’échelle et de causalité (petite et grande histoire - psychologie - tensions sociales) face à « l’événement » historique.
