L’artiste et chercheur Jean-Marie Dallet éclaire les conditions d’un cinéma programmé (algorithmique) et interactif, qu’il tente de mettre en œuvre dans le SLIDERS_lab, un laboratoire qu’il a fondé pour mener des recherches sur l’esthétique des bases de données dans l’art contemporain. À L’instar du “Sky Memory Project”, un environnement interactif et un programme de recherche conçu pour réaliser des performances audiovisuelles. La série des missions “Sky Memory Project” entraîne ainsi le spectateur dans des voyages cinématographiques, on leur donnant la main sur des séquences cinématographiques et une bande-son qui sont montées et jouées en temps réel grâce à un logiciel écrit et développé par le SLIDERS_lab. La performance proposée consiste à travers le réemploi de scènes tirées des six premiers films de l’agent très spécial 007, alias James Bond, à construire une autre fiction, un méta film d’aventure qui en rejoue les scènes emblématiques : explosions, bagarres, chutes dans le vide, course-poursuites, happy-end. La recherche traite du problème de la mise en relation des images, des programmes et des spectateurs : comment les mettre en relation par l’utilisation des possibilités d’échanges d’informations entre les ordinateurs ? Comme l’indique Jean-Marie Dallet, les éléments audiovisuels sont en somme indexés et une partie de l’opération d’art consiste à organiser des « faux raccord » avec des images ou des blocs d’images-mouvements considérés comme des « sémiophores », c’est-à-dire des choses qui renvoient à quelque chose d’autre. La logique de déstructuration du point de vue unique est scellée dans le dispositif de monstration et l’écriture numérique de l’image-mouvement laisse la place à une image composite, hétérogène, dont le cadre n’est plus nécessairement la figure pluriséculaire du rectangle de la fenêtre. À l’instar de ce que d’autres artistes contemporains ont déjà réalisé, les projets du SLIDERS_lab obligent le public à se lever de son siège et à migrer vers le lieu de création du film, les écrans multiples de projection, aux points de vue augmentés. Une stratégie a ainsi été progressivement élaborée, motivée par l’idée de ne pas refaire du cinéma, mais de tendre plutôt vers ce que l’on pourrait nommer l’« action moving ».