La commune de Gondecourt (59) envisage la requalification de la place du Général de Gaulle, aux abords de l’église Saint-Martin. Cette localisation au cœur d’un village mentionné dans les textes depuis le XIIe siècle a motivé la prescription d’un diagnostic archéologique. L’opération a été menée en plusieurs phases entre fin novembre 2023 et fin février 2024. Neuf tranchées d’une surface totale de 524 m² ont été ouvertes ; elles ont livré un total de 783 unités d’enregistrement, dont 27 couches construites et 290 sépultures. Ces nombres ne sont qu’un nombre minimum : les sépultures dénombrées ici ne sont que celles observées en surface et dans les sondages manuels. Le terrain naturel a été atteint en divers endroits du cimetière et une seule zone vierge de vestiges apparaît dans la tranchée la plus méridionale. Les différentes occupations s’étalent entre les XIe-XIIe siècles et le XIXe siècle. Sans surprise, la grande majorité des vestiges est constituée de sépultures. S’il n’est pas mentionné dans les textes avant la fin de la période moderne, le cimetière est bien présent dès le Moyen Âge comme nous l’indiquent plusieurs datations radiocarbone effectuées sur les sépultures parmi les plus anciennes. Le cimetière s’installe au moins à partir du XIe siècle. La place sera utilisée comme lieu d’inhumation sans interruption apparente jusqu’à la première moitié du XIXe siècle pour sa partie sud et jusqu’en 1875 pour sa partie nord. Il n’a pas été possible de cerner des phases d’utilisation du cimetière, ni d’en dater ses diverses extensions. Les sondages manuels réalisés en plusieurs endroits montrent entre trois et six niveaux d’inhumation, sur une épaisseur parfois assez faible. Les recoupements sont très nombreux et les orientations variables. Nous ne savons pas expliquer la très faible présence d’ossements dans les niveaux d’inhumation alors que c’est très courant en contexte de cimetière stratifié. De même, seuls deux amas d’os en position secondaire, de petite taille, ont été mis au jour dans les tranchées. Une possible fonderie de cloches a été localisée à l’ouest du chevet de l’église actuelle ; sa position stratigraphique indique une appartenance aux phases les plus anciennes de la place. L’église associée aux sépultures du Moyen Âge classique ne nous est pas connu. Les premières fondations associées à une église sont à rattacher plutôt au XVe siècle : nous avons mis au jour le mur gouttereau sud, ainsi que ses contreforts externes et de possibles traces d’aménagements internes. La fondation est composée de parements de blocs calcaire taillés, liés au mortier à la chaux jaune clair. À la fin de l’époque moderne, le cimetière est ceint d’un mur de clôture en briques à contreforts triangulaires internes, très profondément fondé et à l’extérieur duquel plusieurs bâtiments viennent s’installer. Le mur de clôture, signalé sur les plans anciens, a été identifié dans plusieurs tranchées. Aucun calvaire ou autre aménagement du cimetière n’a été mis au jour. Le creusement d’un puits en briques dans l’espace cimétérial date vraisemblablement de cette période ; il est par ailleurs recoupé par des sépultures plus tardives. Après la Révolution, l’église est vendue pour matériaux mais curieusement pas démantelée. Son état se dégrade toutefois et elle est détruite en 1843 puis remplacée par une église en briques, dont l’actuelle église Saint-Martin est une reconstruction suite aux bombardements de la Première Guerre mondiale.