Dans l’organisation de l’Église, séculiers et réguliers sont réputés avoir chacun leur spécificité et tenir de manière parallèle et bien distincte leur place au sein de l’Ecclesia, clercs et chanoines d’un côté, moines et moniales de l’autre. Or, dès les temps carolingiens mais plus encore aux XIe-XIIe siècles, poussées par leurs protecteurs, évêques ou grands laïcs, ces communautés ont parfois été amenées à changer de propositum vitae, pour passer du siècle à la règle ou, plus rarement, abandonner celle-ci pour vivre en clercs. Ces processus de régularisation ou de sécularisation entrent dans le champ des phénomènes historiques de réforme qui entraînent réticences et résistances et conditionnent la mise en œuvre de ces mutations, leur réussite ou leur échec. En abordant un champ quasiment inexploré de l’histoire religieuse médiévale, il s’agit ici de décloisonner les catégories séculiers/réguliers pour aborder autrement les pratiques de la vie communautaire médiévale et analyser les contacts entre ces deux mondes, canoniaux et monastiques.
Sommaire
Prolégomènes
Les Institutiones de 816 pour les canonici et les sanctimoniales : aux origines de l’institution canoniale ? — Michèle Gaillard, p. 17
Première partie. Régularisation canoniale : du succès à l’échec
Canonicalis habitus in monachalem habitum et sanctae religionis vitam mutatur… Bouleversements institutionnels à Saint-Martial de Limoges au printemps 848 — Jean-François Boyer, p. 35
Sexfontaines, Vignory. Deux collégiales devenues dépendances de Saint-Bénigne de Dijon au XIe siècle — Jean-Vincent Jourd’heuil, p. 51
Du palatium à la collégiale Saint-Paul de Besançon. Évolutions institutionnelles, transformations monumentales ? — Aurélia Bully, p. 73
Le monastère de Cellefrouin (Charente). Une communauté canoniale face aux bénédictins de Charroux — Manon Durier, p. 99
La résistance des chanoines séculiers à une mutation institutionnelle imposée. Sainte-Geneviève de Paris et Saint-Corneille de Compiègne (milieu du XIIe siècle) — Anne Massoni, p. 117
Deuxième partie. Acteurs et commanditaires
La régularisation des communautés canoniales par Humbaud, évêque d’Auxerre, au XIIe siècle — Patrice Wahlen, p. 143
Les régularisations d’églises canoniales dans les diocèses de Mâcon, Lyon et ceux de la province de Vienne (2e moitié XIe-XIIe siècle) — Hervé Chopin, p. 151
L’action des évêques dans les mutations des communautés, exemples séquanais et ligériens (Xe-XIIe siècle) — Vincent Tabbagh, p. 169
La régularisation des chapitres cathédraux dans le sud du royaume de France (XIe-XIIe siècle) — Hélène Débax, p. 183
Régularisation des chapitres cathédraux et transferts d’églises aux chanoines réguliers dans la vallée du Rhône (XIe-XIIe siècle) — Yannick Veyrenche, p. 205
La Normandie, triomphe du monachisme et résistances canoniales ? — Véronique Gazeau, p. 225
Du particulier au général, des églises aux Églises ? Les transferts institutionnels entre collégiales et monastères dans le diocèse de Noyon (Xe-milieu du XIIe siècle) — Paul Chaffenet, p. 247
Sécularité et réforme dans le comté de Champagne (XIe-XIIe siècle) — Thomas Lacomme, p. 273
Troisième partie. Approches monumentales
La distinction par l’image architecturale ? L’exemple de l’Aquitaine du Nord — Claude Andrault-Schmitt, p. 297
Entre moines et chanoines, regards croisés d’archéologue et d’historien de l’art sur une approche monumentale des établissements communautaires — Christian Sapin et Christian Gensbeitel, p. 323
Pour une histoire fluide de la vie communautaire médiévale. Éléments de conclusion — Alain Rauwel, p. 337