Les vestiges archéologiques répertoriés sur l’ensemble de la prescription de fouille ont permis de mettre en évidence 272 faits archéologiques répartis sur les deux secteurs du site. Le secteur 1 a livré un nombre total de 232 faits tandis que 40 numéros ont été attribués sur le secteur 2. Malgré la faible quantité de mobilier datant collecté pendant la fouille, une partie des vestiges fouillés a pu être rattachée à l’une des cinq phases historiques définies par l’étude du mobilier céramique et les données stratigraphiques. Les périodes concernées sont la Protohistoire ancienne, l’Antiquité tardive, la fin du haut Moyen-Âge et les époques moderne et contemporaine. Les terrains sur lesquels s’implante le projet sont situés sur le versant nord de l’Escaut. Le substrat naturel se présente sous l’aspect de limons loessiques recouvrant des niveaux de craie subaffleurants. Avec une seule occurrence, la première phase d’occupation du site paraît anecdotique et quelque peu aléatoire du point de vue chronologique. Le tesson sur lequel repose cette proposition a été daté de la Protohistoire ancienne sans plus de précision. Cette découverte atteste néanmoins un bruit de fond qu’il ne faut pas négliger et qui fait écho aux découvertes effectuées lors de deux diagnostics réalisé à proximité en 2007 et 2012. La véritable exploitation du site apparaît à la fin de l’Antiquité et plus précisément la deuxième moitié du IVe siècle de notre ère d’après l’étude céramique. Les vestiges ont été associés à deux états distincts qui se succèdent à court intervalle. Au total, six segments de fossés, dix-neuf fosses, dont dix silos, et quatre trous de poteau matérialisent cette occupation. La nature de certains vestiges (silos) et de quelques fragments de meule sont les indices les plus probants qui permettent de caractériser la vocation agricole de l’occupation. La présence de nombreuses structures impossibles à dater laisse supposer une implantation plus consistante ou de nombreux de trous de poteau sont restés sans attribution chronologique. Au terme de l’occupation antique, le site est abandonné pour n’être réinvesti qu’à la fin du haut Moyen Âge. Cette période qui correspond à la phase III du site est comprise entre le IXe et le XIe siècles de notre ère. Les vestiges sont représentés par un réseau fossoyé qui structure le paysage local, quatre fosses dont deux silos, ainsi qu’un fond de cabane. Il est étonnant de constater qu’aucun trou de poteau n’a pu être associé à cette phase d’occupation. Cette donnée ajoutée à l’absence de structures dîtes domestiques semble exclure la possibilité que le secteur soit dévolu à l’habitat durant cette période. Dès lors, et au vu du faible nombre d’éléments présents, ce site pourrait être caractérisé comme une aire dédiée au stockage de denrées alimentaires et à une activité artisanale (possiblement textile) d’une petite exploitation agricole dont la zone d’habitat se trouverait en périphérie du site. La phase suivante correspond à une exploitation du site comprise d’après l’étude du mobilier céramique entre le XVIe et le XVIIIe siècle et ne concerne que le secteur 1 de la fouille. Après un hiatus de plus de cinq siècles, ce témoignage d’une activité humaine se manifeste par la présence d’un petit réseau fossoyé en lanière ainsi que plusieurs fosses d’occupation à la fonction indéfinies. Ces vestiges sont donc étroitement liés à l’exploitation agricole des parcelles jouxtant la ferme moderne tandis que la céramique collectée paraît être associée, au vu de la faiblesse numérique de ces lots, à un rejet de type secondaire. Enfin les traces d’activité rattachées à la période contemporaine sont localisées sur les deux secteurs. Pour le secteur 1, il s’agit d’une fondation en brique, d’un bâtiment en fondations de briques, de cinq fosses et quelques de fosses contenant des munitions. Pour le secteur 2, outre les murs du château délimitant la prescription au sud et à l’ouest, le principal élément mis au jour est une citerne construite dans le parc attenant le château. La fouille de la rue du Chauffour apporte donc de nombreuses informations et complète de façon significative les connaissances concernant l’occupation du terroir sur ce versant de l’Escaut. Elle a permis d’observer l’évolution d’un site à travers cinq phases d’occupation qui ne se suivent pas chronologiquement mais qui étayent un peu plus les découvertes déjà effectuées dans son environnement proche.