La ville de Doullens a le projet de restaurer les ruines de l’église Saint-Pierre et de leur donner une nouvelle fonction. Afin d’accompagner ce projet, un diagnostic archéologique a été prescrit sur les parcelles concernées pour une surface de 569 m². La zone diagnostiquée comporte l’église, située à l’angle de la place Thélu et les jardins situées rue du Chevet Saint-Pierre. Aucun état antérieur au XIIIe siècle n’a pu être mis en évidence par les observations menées sur l’église et son sous-sol. La stratigraphie mise au jour dans l’église met en évidence deux séquences de cimetière entrecoupées par une séquence de niveaux de piétinement interprétée comme des niveaux de chantier. Les observations sur le bâti font état des nombreuses transformations diachroniques subie par l’édifice qui ont menacé son intégrité. Outre l’absence de contreventement, un décalage des éléments porteurs crée des désordres structurels importants. Certains indices de remaniements sur l’élévation sud de la nef tendent vers une reconstruction importante à l’époque moderne. Dans l’ensemble, ces indices semblent indiquer une reprise importante dès le XVe siècle pour le bas-côté sud et au XVIe-XVIIe siècle pour le gouttereau sud. Concernant l’organisation interne de l’église, deux sépultures d’immatures ont été découvertes à l’angle nord de la nef centrale. La présence de ces deux tombes d’immatures côte à côte suggère la présence d’une zone de sépultures spécifique aux enfants dans l’église, dont le moment de création ne peut être déterminé. Le cimetière paroissial de l’église Saint-Pierre a sans doute été créé en même temps que l’église et il aurait fonctionné pendant au moins cinq siècles. Les niveaux mis au jour semblent dater des Temps Modernes. Par ailleurs, les registres paroissiaux mentionnent des inhumations jusqu’en septembre 1791. Dans cet espace funéraire, les individus en connexion anatomique sont bien alignés suivant une structure typique de cimetière paroissial. Ils sont inhumés en cercueil. Il n’y a pas de recrutement particulier dans cet espace, des individus d’âge et de sexe divers sont représentés. La densité du cimetière est également importante, avec six individus reconnus sur 8 m² sur un seul niveau. Cette densité importante a généré de nombreux recoupements de tombes et a affecté la gestion du cimetière. A minima, d’après la surface diagnostiquée, le cimetière est probablement conservé sur 235 m². En 1800, l’église est vendue. Le chœur est dérasé. Les pierres issues de ce démontage permettent l’édification d’une maison sur la rue du chevet Saint-Pierre. Lors de ce chantier de construction, un chaufour est creusé dans la nef centrale, les pavements sont retirés et le sol couvert tantôt de terre battue, tantôt de briques. Au début du XXe siècle, plusieurs installations en béton percent le niveau de cimetière de l’église, certaines sont liées à des travaux de stabilisation de l’édifice. À l’extérieur, le cimetière paroissial est préservé dans les espaces de jardins.