La ville de Saint-Omer a entamé, depuis 2017, un projet de rénovation du centre-ville historique comprenant la réfection des trois places principales de la ville. Le service régional de l’Archéologie a prescrit un diagnostic archéologique sur les 34 322 m² concernés par le projet. L’opération présentée dans ce rapport clôture cinq années de diagnostics effectués dans l’espace public de la ville, après l’exploration de la place Victor Hugo en février 2017 et de la place Pierre Bonhomme en octobre 2017. Cette troisième phase concerne 16 190 m² de la place Foch. Les opérations de terrain se sont déroulées en deux temps. Entre le 7 septembre 2020 et le 29 avril 2021. Au total, 746 m² ont été décapé au-dessus de 14 sondages ou tranchées, soit 4,61 % de la surface et 23 m² ont fait l’objet d’une fouille manuelle avec prélèvement. À partir de la seconde moitié du XIIe siècle, l’emplacement du Grand Marché est recouvert d’un revêtement de galets. Alors que le bord sud de la place situé en haut de la pente semble avoir subi l’érosion, le centre de la place a conservé de nombreux niveaux de piétinement organiques. La fouille manuelle de trois emplacements où affleuraient ces niveaux organiques a permis de mettre en évidence des activités très différenciées : un probable étal de poterie, des activités de tripier avec des préparations de museaux et de pieds de bœuf, de pieds et de têtes de mouton et de palais de bœuf et enfin, une activité de poissonnerie. À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, l’occupation semble se densifier davantage. L’organisation générale entre espace d’habitat et espace de place est inchangée. Sur la place, les activités mises en évidences par les études spécialisées évoluent. L’activité de vente de poterie, nettement reconnue au cours de la phase précédente semble se déplacer vers l’est. Les poissons diminuent considérablement dans l’assemblage d’ossements d’animaux, tandis que des traces de travail de la corne apparaissent. Les huîtres, totalement absentes des phases précédentes, font leur apparition, et les restes découverts évoquent peut-être une activité de vente. Plusieurs bâtiments prennent alors place sur le marché. La chapelle Notre-Dame des miracles, est élevée vers 1270. Deux autres bâtiments ont pu être reconnus. Une vaste dépression comblée d’une couche d’incendie puis de divers remblais suggère la présence d’une ancienne cave entièrement remblayée. Son orientation et son emplacement au cœur de la place de marché laisse penser qu’il s’agit d’une construction en relation avec une première halle, antérieure à celle démolie en 1832. Une autre construction s’installe au sud de cette dépression au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle. Les assisses conservées de ce bâtiment, en silex et en grès, ont pu supporter des élévations en torchis. Ce bâtiment héberge une activité de forge et nous proposons d’y voir une des dépendances de la halle primitive. Les transformations de la période moderne ont probablement arasé une partie des niveaux médiévaux de la place, car un hiatus apparait dans le mobilier : les XIVe et XVe siècle sont absents. Néanmoins, ces transformations ont également scellé dans d’excellentes conditions de conservations les niveaux antérieurs. Contrairement à d’autres fouilles de places de marché, les niveaux d’usage mis au jour pour les XIIe et XIIIe siècle renferment une quantité exceptionnelle de mobilier divers dont le diagnostic a pu établir qu’ils reflétaient aussi les activités se déroulant sur la place. Ce mobilier riche et diversifié nous renseigne sur les circuits commerciaux d’approvisionnement de la ville mais aussi sur son organisation économique du quotidien, alors qu’elle est à son apogée commerciale.