Du Haut-Empire aux fortifications modernes : évolution de la parcelle AB 197 Le diagnostic archéologique du 18 rue de Boulogne à Thérouanne porte sur la parcelle AB 197 d’une surface de 1028 m². Localisée dans l’angle sud-ouest de la Vieille Ville, le projet concerne la construction d’une extension d’un pavillon individuel. L’opération a été réalisée entre le 10 et le 13 février 2020 par l’Inrap. L’ouverture de deux sondages, représentant environ 4 % de la parcelle AB197, a permis de mettre au jour 11 faits archéologiques et 54 Us réparties sur quatre phases chronologiques s’échelonnant du Haut-Empire à l’époque moderne, selon un phasage peu complexe et une distinction stratigraphique claire entre chacune des occupations. Les vestiges apparaissent à une altitude de 46,80 m IGN69 au plus haut en tranchée 2, soit à 25-30 cm de profondeur sur cette section de parcelle qui observe un double dénivelé, à la fois ouest-est et nord-sud. La puissance stratigraphique représente par endroit 4 m de hauteur. Le substrat naturel n’a pas été atteint. L’installation la plus ancienne concerne une occupation stratifiée antique observée dans l’ensemble de la parcelle, et au cours de laquelle se mettent en place des espaces bâtis, probablement dans le courant du IIe s. L’angle d’un bâtiment aux fondations en craie damée imposantes (largeur de 0,80 m et hauteur de 1,10 m) évoque les bâtiments urbains déjà reconnus à Thérouanne, comme sur le secteur des Bachinets ou la route de Clarques. Après un important hiatus chronologique, un atelier de polymétallurgie (fer et cuivre) semble prendre place sur la moitié ouest de la parcelle au cours du XVe s. Il est matérialisé par une unique fosse, dégagée partiellement, mais dont les premiers résultats s’inscrivent dans les problématiques liées aux activités artisanales intra muros. Les fragments provenant de la destruction du four (parois de four, charbons de bois et de terre, scories) sont présents ici probablement en position secondaire, mais il semble que la structure de combustion soit localisée dans un environnement très proche. Dans un laps de temps assez court, cet atelier est scellé et la parcelle remblayée pour l’installation d’au moins trois maçonneries. Fortement arasées puisque seuls les radiers de fondation sont conservés, ces vestiges de construction ont livré un lot de blocs lapidaires variés, dont un fût de colonnette et un chapiteau historié à décor de volatile. Enfin, dans la première moitié du XVIe s., est édifiée une levée de terre à vocation militaire pour renforcer la protection du rempart à l’intérieur de l’enceinte. Cet élément de l’enceinte est toujours visible dans la topographie actuelle.