L’Espitre de Cleriende la Romaine à Reginus son concitoyen, composée vers 1515 par Macé de Villebresme, est une héroïde sans antécédent antique. Cette lettre élégiaque d’environ quatre-cents décasyllabes à rimes plates s’inspire à la fois des Héroïdes d’Ovide et des Guerres civiles d’Appien. Elle a été diffusée en manuscrit et en imprimé. L’editio princeps semble être sortie des presses de Nourry en 1529. L’Hystoire romaine de la belle Cleriende est un nouveau produit pour l’atelier : il s’agit d’une première impression d’une création nationale récente. Quelles stratégies l’imprimeur et son éditeur Pierre de Vingle déploient-ils pour réaliser le double enjeu, littéraire et livresque ? La mise en forme matérielle de l’édition et le traitement qu’ils y réservent à la composante historique et au registre pathétique révèlent qu’ils se livrent à une opération d’acclimatation sans dénaturer la portée de l’œuvre.