Cette contribution dessine certaines caractéristiques de la sensibilité moderne en considérant que la sensibilité, de manière générale, est mise en forme par des phénomènes sociaux et la conscience de ceux qui en font l’épreuve. Matérielles et psychologiques, les formes de la sensibilité ne sont pas a priori mais contextuelles. À la suite de Simmel, Benjamin et Kracauer, cet article déploie cette perspective sur les registres modernes de notre rapport au monde. Il s’intéresse à la métropolisation comme fait social transformant notre manière non seulement de sentir mais aussi de nous sentir nous-mêmes. Il envisage pour cela le type de perception propre aux phénomènes de la grande ville (esthétique du choc), les formes artistiques qui en découlent (roman policier, photographie, cinéma), et son effet sur l’état affectif des citadins (blasement, mélancolie, exaltation).