Comment les professionnels de l’éducation hors du temps scolaire peuvent-ils innover l’ordre social ? Exemple de changement de pratiques des professionnels en charge des jeunesses (pp267-284)
Résumé
Depuis les années 1980 et la demande de l’État faite aux municipalités de prendre en charge les jeunesses, nombre d’espaces institutionnels ont vu le jour. Les animateurs peu formés alors aux spécificités des jeunesses vont devoir prendre en charge des missions, très souvent sous-tendues par une injonction de paix sociale, notamment dans les quartiers populaires.
Petit à petit va apparaître un paradoxe associant la demande de participation des jeunes tout en limitant leur engagement dans les fonctionnements institutionnels. Les jeunes sont tenus de participer à des activités, des projets, mais ne seront peu ou pas entendus quand il s’agit de faire évoluer l’ordre social. Les animateurs se retrouvent finalement à gérer les flux juvéniles ou développer des projets qui orientent le plus souvent la reproduction de l’ordre social plutôt que sa remise en question et son évolution.
Ces dernières années, les questions de la participation citoyenne et de la citoyenneté des jeunes traversent les discours politiques. Mais comment faire pour passer du simple recueil de la parole des jeunes à la possibilité pour eux de participer aux décisions politiques prisent pour eux, mais pas seulement. Il apparait comme nécessaire de repenser la formation des professionnels du champ de l’animation. Quelles sont alors les compétences nécessaires aux changements de pratiques professionnelles qui permettront de laisser une place de citoyen aux jeunes ? Comment la formation outille des professionnels pour qu’ils puissent impulser et accompagner l’innovation en agissant sur les contraintes sociales, politiques et institutionnelles ?
Cet article propose de mettre en débat les orientations nouvelles d’une formation en master sciences de l’éducation et de la formation, parcours politiques enfance jeunesse. Comment, la formation aux processus de concertation, la compréhension des stratégies de l’aide à la décision politique, l’action d’une facilitatrice qui accompagne la création d’outils, permettent d’amener de futurs professionnels à pouvoir porter la nécessité de penser des politiques intégrées de jeunesse ? Comment, finalement, une formation peut venir progressivement accompagner un changement de pratiques dans le champ de l’animation, positionnant les professionnels dans une place d’expert en capacité d’impulser une évolution de la société et d’innover l’ordre social ?
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