Cet article analyse l’image du cavalier dans les sources de l’Empire romain tardif. À rebours des idées avancées par A. Kaldellis (« Classicism, barbarism, and warfare: Prokopios and the conservative reaction to later Roman military policy », AJAH 3-4, 2004-2005 [publ. 2007], p. 189-218), il révèle que la plupart des auteurs de l’époque tardive, dont Procope de Césarée, étaient favorables à l’essor contemporain de la cavalerie, qui reléguait l’infanterie au rang de force d’appoint. Ce constat témoigne d’une importante évolution des mentalités romaines face à la guerre. Alors que les élites du Haut-Empire attachaient, sur le plan symbolique, une importance majeure au fantassin légionnaire, le combattant monté gagne en visibilité dans les sources dès la fin du IIIe siècle. Ce changement est lié à l’institutionnalisation de la petite guerre comme doctrine de défense de l’Empire romain et à l’intégration de techniques de combat « barbares » dans le répertoire tactique de l’armée tardive. Il s’accompagne d’un renouvellement du discours officiel sur l’archerie montée, activité autrefois dépréciée par les auteurs classiques.