Etat de santé et alimentation des sujets inhumés à Brandes-en-Oisans : approche paléoépidémiologique et isotopique - Archive ouverte HAL
Chapitre D'ouvrage Année : 2024

Health status and diet of people buried at Brandes-en-Oisans: a paleoepidemiological and isotopic approach

Etat de santé et alimentation des sujets inhumés à Brandes-en-Oisans : approche paléoépidémiologique et isotopique

Guy André
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1198951
Patrick Hervieu
  • Fonction : Auteur

Résumé

Occupied between the first half of the 12th century and the second half of the 14th century (1220-1350), Brandes-en-Oisans was one of the most productive centres of silver ore under the power of the Dauphin. With its village, church and cemetery located at an altitude of over 1,800 m, the inhabitants had to cope with extreme living conditions, at altitude with a harsh Alpine climate, and in seasonal isolation, making it particularly interesting to study the relationship that these men maintained with their local environment and the more clement environment of the valley. To understand this relationship between man and his environment, the prism of food has been chosen because of its privileged position at the crossroads of the biological, the natural and the cultural. The study of the archaeological population of miners at Brandes en Oisans was carried out with this in mind, based on an analysis of the bio-archaeological remains unearthed in the cemetery. Analysis of the alveolar-dental remains combined with isotopic analysis of the Brandes subjects enabled us to document the diet of this original population isolated at an altitude of 1800 m. The biological characteristics of this series are comparable to those of the medieval Saint-Laurent series who lived in one of the suburbs of the city of Grenoble, in the Isère valley. Such a result would indicate that although the Brandes subjects endured difficult living conditions, they did not leave any particular dietary or health stigma on these skeletons. This study reveals that the food consumed by the inhabitants of Brandes had a similar carbohydrate content, texture and abrasiveness to that consumed in the valley. Cereals and bread must either have been brought from the valley, or the village of Brandes had millstone equipment in situ of the same quality as that in the valley. This hypothesis could corroborate the results of the carpological analysis, which did not reveal the presence of agriculture on the Brandes plateau (see chapter by Lucie Martin). However, more recent historical documents show that rye and legumes could have been grown at this altitude. Further archaeobotanical analysis of the houses would help to show whether or not legumes were an important part of the diet of the inhabitants of Brandes. As for isotope analyses, they would attest to a much higher consumption of animal proteins at Brandes than at contemporary Grenoble, a hypothesis that could be confirmed by the significant tartar deposits observed on the miners' teeth. The archaeozoological data showed a majority presence of goats and an exploitation of the herd focused on the production of milk and meat, which would also be consistent with the results of this anthropological and isotopic analysis. Taken together, these results suggest that the inhabitants of Brandes did not live in complete isolation, or at least that the apparently difficult living conditions did not affect their health. These results are in line with the archival data, which mentions that their activity enabled them to maintain relations with the valley during the transport of ore, thus enabling them to obtain supplies of foodstuffs, whether cereals or pork.
Occupé entre la première moitié du 12e siècle et la seconde moitié du 14e siècle (1220-1350), Brandes-en-Oisans était l’un des centres les plus productifs de minerai d’argent placé sous la puissance du Dauphin. Avec son village, son église et son cimetière implantés à plus de 1800 m d’altitude, les habitants ont dû faire face à des conditions de vie extrêmes, en altitude avec un climat rigoureux alpin, et dans un isolat saisonnier leur conférant un intérêt tout particulier pour l’étude du rapport que ces hommes ont pu entretenir avec leur environnement de proximité et l’environnement plus clément de la vallée. Pour appréhender cette relation Homme-milieu, c’est le prisme de l’alimentation qui a été retenu en raison de sa position privilégiée au carrefour du biologique, du naturel et du culturel. C’est dans cette perspective, à partir d’une analyse des vestiges bio-archéologiques mis au jour dans le cimetière, que l’étude de la population archéologique des mineurs de Brandes en Oisans a été réalisée. L’analyse des vestiges alvéolo-dentaires associée à l’analyse isotopique des sujets de Brandes ont permis de documenter l’alimentation de cette population originale isolée à 1800 m d’altitude. Les caractéristiques biologiques de cette série sont comparables à celles de la série médiévale de Saint-Laurent ayant vécu dans un des faubourgs de la ville de Grenoble, dans la vallée de l’Isère. Un tel résultat indiquerait que si les sujets de Brandes ont subi des conditions de vie difficile, elles n’ont pas laissé de stigmates particuliers alimentaires ou sanitaires sur ces squelettes. Cette étude révèle que la les aliments consommés par les habitants de Brandes avaient un taux de carbo-hydrates, une texture et une abrasivité similaires à celle des aliments consommés dans la vallée. Les céréales et le pain devaient être soient acheminés de la vallée, ou bien, le village de Brandes avait un équipement en pierre meulière in situ de même qualité que celui de la vallée. Cette hypothèse pourrait corroborer les résultats de l’analyse carpologique qui n’ont pas mis en évidence la présence d’une agriculture sur le plateau de Brandes (Voir Chapitre de Lucie Martin). En revanche, des documents historiques plus récents montrent que la culture de seigle et de légumineuses est possible à cette altitude. La poursuite des analyses archéobotaniques dans les maisons permettrait de montrer ou non l’importance des légumineuses dans l’alimentation des habitants de Brandes. Quant aux analyses isotopiques, elles attesteraient à Brandes d’une consommation nettement significative de protéines animales par rapport aux habitants grenoblois contemporains, hypothèse que pourrait être confirmée par les dépôts importants de tartre observés sur les dents des mineurs. Les données archéozoologiques ont montré une présence majoritaire des caprinés et une exploitation du troupeau tourné vers la production de lait et de viande qui s’accorderaient également avec les résultats de cette analyse anthropologique et isotopique. L’ensemble de ces résultats tend à montrer que les habitants de Brandes n’auraient pas vécu complètement isolé ou tout du moins, les conditions de vie apparemment difficile n’auraient pas altéré leur état sanitaire. Ces résultats sont en accord avec les données archivistiques qui mentionnent que leur activité leur permettait de conserver des relations avec la vallée lors du transport du minerai leur permettant ainsi de s’approvisionner en denrées alimentaires, qu’il s’agisse des céréales ou de la viande de porc.
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Dates et versions

hal-04684466 , version 1 (02-09-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04684466 , version 1

Citer

Estelle Herrscher, Guy André, Patrick Hervieu. Etat de santé et alimentation des sujets inhumés à Brandes-en-Oisans : approche paléoépidémiologique et isotopique. Mondes Medievaux (numéro 9). Vivre en montagne au Moyen Âge. Les objets racontent l'histoire de l'Argenteria de Brandis. Huez-Alpe d'Huez - XIIe-XIVe siècles, numéro 9, CIHAM, pp.504, 2024, Mondes Medievaux (numéro 9), 9782956842699. ⟨hal-04684466⟩
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