Contexte Le projet Princesse a développé, documenté et analysé une offre globale de santé sexuelle et reproductive incluant la prévention combinée du VIH, auprès d’une cohorte de travailleuses du sexe à San Pedro en Côte d’Ivoire. Cette offre de santé, mise en place entre novembre 2019 et juin 2023, impliquait un suivi médical trimestriel, notamment en raison de la délivrance de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), médicament qui protège du VIH lors de rapports sexuels sans préservatif. Toutefois, une grande partie des femmes incluses dans cette cohorte ont connu des interruptions dans leur suivi médical et donc dans leur traitement, à plus ou moins long terme. D’une part, le suivi a été compliqué par le contexte de la région de San Pedro : réputée pour la culture du café et du cacao, elle attire ainsi entre septembre et décembre de nombreux travailleurs saisonniers dans les champs, mais également des travailleuses du sexe. Une partie des femmes incluses dans cette période de l’année repartaient, à la fin de la saison de récolte, dans leur région d’origine et nombreuses étaient les perdues de vue, jusqu’à l’année suivante ou définitivement. D’autre part, dans les périodes de l’année où l’activité diminue, de nombreuses femmes résidant à San Pedro voyagent plusieurs semaines pour visiter leur famille ou un client régulier, dans d’autres régions ivoiriennes ou dans leur pays d’origine (au Nigeria souvent, mais également dans des pays francophones de la sous-région), interrompant alors leur prise de PrEP ou manquant leur rendez-vous trimestriel, ce qui complique le suivi médical (dépistage et traitement des infections sexuellement transmissibles dont le VIH notamment). Objectif L’objectif de cette communication est d’étudier les mobilités temporaires ou saisonnières des femmes incluses dans la cohorte Princesse, et les conséquences qu’elles ont sur l’observance de la PrEP, et plus largement sur leur suivi médical. Données et méthodes L’ensemble de soins de santé sexuelle et reproductive du projet Princesse a été proposé dans une clinique communautaire et via une clinique mobile opérant sur 10 sites de prostitution (visités toutes les deux semaines) pendant 45 mois (décembre 2019 – juin 2023). L'analyse repose sur des entretiens qualitatifs réalisés avec 38 travailleuses du sexe en décembre 2019, septembre 2021, mars et mai 2022, ainsi que sur les questionnaires socio-comportementaux complétés par les femmes tous les six mois au cours de leur suivi. Les trajectoires de mobilité, décrites précisément dans ces questionnaires, seront mises en regard avec les trajectoires de PrEP (initiation, observance, interruption ou arrêt définitif) et les trajectoires de suivi médical (régularité du suivi, perte de vue), retracées grâce aux fiches cliniques remplies par l’équipe médicale.